La crise énergétique frappe de plein fouet. Les entreprises alimentaires n’y échappent pas. Une enquête auprès des membres de Fevia montre que la situation est très critique. Les perspectives s’annoncent encore pires. Pour les entreprises alimentaires qui disposent encore de contrats fixes, ceux-ci arrivent à échéance fin 2022 pour un grand nombre d’entre elles. Ces entreprises risquent de débuter la nouvelle année avec une explosion de leur facture énergétique, qui s'ajoutera l'indexation salariale. Des mesures de soutien s’imposent de toute urgence. Pas demain, mais dès aujourd’hui. Ce qui est actuellement sur la table des différents gouvernements est bon à prendre, mais absolument pas suffisant. Plus vite et plus, tel est notre message.
Des coûts énergétiques multipliés par deux
63 % des entreprises alimentaires ont vu leurs coûts énergétiques pour le gaz et l'électricité augmenter de plus de 100 % en 2022 par rapport à 2021. Et pour 40% des entreprises, cette augmentation était supérieure à 200 %. Des mesures de soutien efficaces pour ces entreprises sont impératives. La réduction des accises sur le gaz naturel et l'électricité est un premier pas, mais il est bien trop insignifiant. De nombreuses entreprises sont au bord du gouffre. 30 % d’entre elles envisagent d'arrêter temporairement ou du moins de réduire leur production. Le manque de rentabilité en est la principale raison.
Heureusement, il existe encore des contrats fixes, mais de moins en moins
Environ 50 % des entreprises ayant participé à l’enquête indiquent qu’elles disposent encore d’un contrat fixe pour l'électricité ou le gaz naturel. C'est en soi une bonne nouvelle, car cela permet d'éviter de fortes hausses des prix. Il ne s’agit toutefois que d’un répit provisoire.
En effet, l'autre moitié des entreprises voient leur contrat fixe arriver à terme fin 2022. Cela signifie qu'au total, 75 % des entreprises alimentaires auront un contrat variable en 2023. Ces entreprises subiront le choc de l'augmentation du prix de l'énergie début 2023, en plus de l'indexation des salaires.
Les entreprises alimentaires sont toutes soudain énergie-intensives !
En 2021, près de la moitié des entreprises ayant répondu à l'enquête pouvaient être considérées comme énergie-intensives. Cela signifie que leurs coûts énergétiques totaux représentaient plus de 3 % de leur chiffre d'affaires total. En raison de l'explosion des coûts énergétiques, ce pourcentage a atteint 95 % en 2022. Il est donc important que 2022 soit prise comme année de référence pour déterminer les mesures de soutien. Dans le cas contraire, de nombreuses entreprises alimentaires à forte intensité énergétique risquent de passer à côté du soutien nécessaire.
A la recherche de carburants de substitution pour éviter le gaspillage alimentaire
40 % des entreprises recherchent activement des alternatives à leur consommation de gaz naturel, d'une part, pour être certain de pouvoir continuer à produire en cas de pénurie soudaine de gaz, et d'autre part, pour éviter temporairement le prix exorbitant du gaz naturel en utilisant d'autres sources. La moitié des entreprises qui envisagent des alternatives pense au mazout et 10 % d'entre elles aux boilers électriques. Environ la moitié de ces entreprises ne disposent pas du permis d'environnement adéquat. C'est pourquoi Fevia plaide auprès des autorités régionales pour que celles-ci autorisent un assouplissement temporaire de la procédure de permis. Cela peut se faire, par exemple, en remplaçant la longue procédure d'autorisation par une notification temporaire. La Commission européenne l'autorise également dans son plan « Save gas for a safe winter».
Les entreprises alimentaires continuent d'investir dans des mesures d'économie d'énergie
L'énergie la moins chère est celle que vous n'utilisez pas. C'est un cliché qui revêt une importance particulière aujourd'hui. De nombreuses entreprises alimentaires continuent à investir dans des mesures d'économie d'énergie. 70 % des répondants auront mis en œuvre au moins une mesure d'économie d'énergie en 2022. De nombreuses entreprises investissent dans leur propre production d'énergie au moyen de panneaux solaires, mais investissent aussi dans l'isolation, l'éclairage et dans des pompes à chaleur, par exemple.
Cela ne peut plus durer !
L’augmentation faramineuse des coûts énergétiques se combine avec une augmentation, depuis plusieurs mois, des coûts des matières premières et des emballages. En janvier 2023, l’industrie alimentaire devra aussi indexer le salaire de tous ses travailleurs de 10 %. La situation sera dramatique pour de nombreuses entreprises. L’étude Graydon montre clairement que la situation n’est pas tenable. Fevia appelle tous les gouvernements de ce pays à des mesures plus fortes pour aider les entreprises. Et l’Europe doit urgemment entreprendre les actions nécessaires pour réguler le marché et assouplir le Temporary Crisis Framework. Dans le cas contraire, nombre d’entreprises parfaitement saines avant la crise risquent tout simplement de disparaître…