La rentabilité agricole sous la loupe

21.02.2025

En 2024, une vague de protestations agricoles a rappelé les défis majeurs auxquels les agriculteurs sont confrontés. Pour répondre à ces préoccupations, une Taskforce agroalimentaire a été créée au niveau fédéral. Dans le cadre de cette Taskforce, un groupe de travail « Transparence » a été initié, regroupant des experts et des représentants des différents maillons de la chaine agro-alimentaire ainsi que les autorités fédérales et régionales.L’objectif de ce groupe de travail est de développer des indicateurs objectivant l’évolution des revenus et des coûts de production agricoles.

Ces outils doivent aider les différentes parties prenantes dans leurs négociations commerciales et dans l’application de la nouvelle loi sur les pratiques commerciales déloyales (loi UTP), qui interdit l’achat à un prix inférieur aux coûts de production (sauf accord clair et dépourvu d’ambiguïté).

Le SPF Economie vient de publier les premiers indicateurs portant sur les activités de la viande bovine et de la viande porcine. Outre un indicateur structurel mesurant la rentabilité sur le long terme sur la base des données des réseaux comptables régionaux, un indicateur mensuel est également développé pour estimer l’impact des évolutions récentes des différents coûts de production sur la rentabilité de l’activité.

Faible rentabilité du bovin, reprise instable du porcin

Les résultats publiés témoignent d’une faible rentabilité structurelle de ces deux activités.

Pour l’engraissement de bovins, la situation est délicate depuis plusieurs années : les revenus couvrent à peine les coûts de production, mais ne permettent pas de rémunérer la main-d’œuvre familiale.

En ce qui concerne la viande porcine, une amélioration de la rentabilité a été observée en 2023 après deux années difficiles. Cette tendance s’est poursuivie en 2024, bien que la rentabilité ait légèrement diminué au cours des derniers mois de l’année à la suite d’une diminution des revenus. Actuellement, les revenus des trois types d'exploitations porcines couvrent l'ensemble des coûts de production, y compris la main-d’œuvre familiale.

Lien avec la loi UTP

L'Arrêté royal du 4 juillet 2024 a complété les listes noire et grise des pratiques commerciales déloyales (Loi UTP). Dorénavant, l'acheteur ne peut plus acheter ses produits au fournisseur à un prix inférieur à ses coûts de production, sauf si cette pratique fait l'objet d'un accord conclu en des termes clairs et dépourvus d’ambiguïté (liste grise).

Dans ce cadre légal, une organisation de branche peut renvoyer explicitement à un indice de coûts de production. En cas d’accord au sein de la branche, les indicateurs de rentabilité développés au sein du groupe de travail « Transparence » peuvent être utilisés à cette fin. Toutefois, la portée de ces indicateurs est plus large que la loi UTP.

Il est cependant important de noter que ces résultats reflètent une moyenne, et peuvent donc cacher de fortes différences entre les exploitations d’une même activité.

Le groupe de travail se penchera dans les prochains mois sur le développement d’indicateurs relatifs à d’autres activités agricoles, en fonction des priorités des filières.

 

Retrouvez ici l’analyse complète du SPF Economie.