Utilisation accrue de l’intelligence artificielle…pour compenser le handicap salarial ?

29.05.2024

En 2023, près de 10% des entreprises alimentaires belges comptant 10 salariés ou plus ont utilisé les technologies de l’intelligence artificielle (IA) pour mener leurs activités. C’est plus que deux ans auparavant (8,7% en 2021).

L'IA fait référence aux systèmes qui utilisent des technologies telles que l'exploration de texte, la vision par ordinateur, la reconnaissance vocale, la génération de langage naturel, l'apprentissage automatique ou l'apprentissage profond. Ces technologies peuvent être utilisées pour recueillir et / ou utiliser des données pour prédire, recommander ou décider, avec différents niveaux d'autonomie, de la meilleure action pour atteindre des objectifs spécifiques. Les systèmes d’IA peuvent être basés sur des logiciels (par exemple, des logiciels de reconnaissance d’images, des assistants virtuels, des systèmes de reconnaissance vocale et faciale) ou intégrés dans des dispositifs (par exemple, des robots autonomes, des véhicules autonomes, des drones).

Les entreprises alimentaires belges parmi celles qui utilisent le plus l’IA

Les proportions les plus élevées d'entreprises alimentaires utilisant des technologies d'IA ont été observées au Danemark (12,5%), aux Pays-Bas (10,0%) et en Belgique (9,7%). La moyenne européenne se situe « seulement » à 5,4%.

En ce qui concerne le type de technologie d'IA utilisé par ces entreprises, en 2023, l'automatisation de différents flux de travail ou l'aide à la prise de décision (logiciel basé sur l'IA, automatisation des processus robotiques) était la plus utilisée, avec 4,3 % des entreprises qui l'utilisaient. L'identification d'objets ou de personnes à partir d'images (reconnaissance d'images, traitement d'images) et l'apprentissage automatique (par exemple l'apprentissage profond) suivaient avec 3,5 %.

Les autres types de technologies d'IA utilisées comprennent l'analyse du langage écrit (text mining ; 1,7 %), le déplacement physique des machines par des décisions autonomes basées sur l'observation de l'environnement (robots autonomes, véhicules auto-conduits et drones autonomes ; 1,7 %), la génération de langage écrit ou parlé (génération de langage naturel ; 1,5 %) et la conversion du langage parlé dans un format lisible par la machine (reconnaissance vocale ; 0,7 % des entreprises).

L’IA à la rescousse du handicap salarial ?

On ne peut s’empêcher d’établir un lien de cause à effet entre le niveau très élevé des coûts salariaux et l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) par les entreprises alimentaires, même si d’autres paramètres entrent bien entendu en ligne de compte.  

En effet, des coûts salariaux relativement élevés peuvent pousser les entreprises à automatiser des tâches routinières et répétitives afin de remplacer certaines fonctions par des solutions d'IA. Celles-ci permettent en outre d'améliorer l'efficacité et la productivité des entreprises. Elles peuvent accomplir plus avec moins de main-d’oeuvre, tout en maintenant ou en augmentant leur niveau de production. En investissant dans l'IA, les entreprises peuvent ainsi obtenir un avantage concurrentiel, en améliorant leurs processus et en offrant de meilleurs produits et services à des coûts moindres. Cela est particulièrement crucial dans l’industrie alimentaire où la compétition est intense et la rentabilité est sous pression.

Le graphique ci-dessous illustre la corrélation positive entre le coût salarial horaire et la proportion d’entreprises qui utilisent au moins une technologie de l’IA. Les trois pays qui ont le coût salarial le plus élevé – Norvège, Pays-Bas et Belgique – sont également ceux qui connaissent proportionnellement le plus d’entreprises utilisant l’IA. A l’inverse, les entreprises alimentaires roumaines, bulgares et croates ont un coût de la main-d’œuvre nettement plus faible et sont très peu nombreuses à investir dans l’IA. A noter, deux cas atypiques : la France (coût du travail élevé et faible utilisation de l’IA) et le Portugal (coût du travail faible et forte utilisation de l’IA).

En conclusion, l'IA permet de compenser quelque peu le handicap salarial auquel nos entreprises doivent faire face, tout en ouvrant de nouvelles opportunités pour l'innovation et la croissance. Nous attendons donc des prochains gouvernements qu’ils mettent en œuvre à la fois des mesures qui maintiennent des emplois abordables et faisables et des mesures qui permettent à nos entreprises d’être à la pointe de l’innovation.

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