Haven van Antwerpen
02.04.2025 Actualité

L'Europe a besoin d'une politique commerciale unifiée

L’industrie alimentaire belge est un acteur de niveau mondial, avec près de la moitié de son chiffre d’affaires provenant des exportations. Mais cette position est sous pression. Le protectionnisme, les barrières commerciales et la concurrence déloyale jouent en notre défaveur. Nous avons besoin d’une approche européenne unie, où l’Europe parle d’une seule voix et choisit une politique équitable et favorable aux entreprises. Car si nous collaborons efficacement, nous pouvons rester un partenaire commercial fort, en Europe comme au-delà.

Le commerce international est essentiel pour l'industrie alimentaire belge

Avec un chiffre d'affaires de 83,2 milliards d'euros en 2024, dont près de la moitié provient de l'exportation, l'industrie alimentaire belge est un véritable acteur mondial. Nous sommes les leaders mondiaux de l'exportation de produits à base de pommes de terre surgelées, nous décrochons la deuxième place pour le chocolat et nous sommes le plus grand exportateur européen de légumes surgelés. L'importation joue également un rôle crucial : Anvers possède le plus grand port au monde pour le café, et presque tout le jus d'orange destiné au marché européen transite par le port de Gand. En 2024, nous avons importé pour 32,1 milliards d'euros de marchandises. Avec des exportations s'élevant à 39,6 milliards d'euros, cela génère une balance commerciale positive de 7,5 milliards d'euros. 

En résumé, le commerce international est crucial pour le secteur alimentaire belge. Nous agissons au sein d'une chaîne de production mondiale et privilégions l'approvisionnement en matières premières en Belgique, tout en nous tournant vers d'autres pays si nécessaire. Cependant, nous perdons des parts de marché à l'exportation, tant en Europe qu'en dehors notamment en raison du coût du travail, de l’énergie ou encore la pression fiscale. Il est impératif d'agir à l'échelle européenne, fédérale et régionale pour renforcer notre position concurrentielle internationale.

Nous avons besoin d'un niveau de concurrence équitable à l'échelle européenne…

Les trois quarts de nos exportations belges restent au sein de l'Union européenne. La majorité de nos exportations va vers nos pays voisins, mais l'Italie, l'Espagne et la Pologne sont également des marchés d'exportation importants. Malheureusement, les mesures protectionnistes et l'assouplissement des règles européennes sur les aides de l'État perturbent le marché intérieur. Ainsi, la France impose des règles d'étiquetage supplémentaires qui favorisent les produits locaux et les matières premières. Notamment en France et en Allemagne, les entreprises reçoivent d'importantes subventions qui faussent la concurrence. Des investissements sont ainsi détournés vers ces pays, au détriment d’autres comme la Belgique. 

C'est pourquoi Fevia appelle à des règles plus strictes sur les aides de l'État au niveau européen et à la lutte contre la surrèglementation en Belgique, afin que nos entreprises puissent concourir de manière équitable. Surtout maintenant que le commerce international est sous pression, nous devons créer des opportunités pour notre industrie au sein de l'Europe. Nos autorités nationales et régionales doivent transposer la législation de l'UE en tenant compte des caractéristiques géographiques, économiques et sociales de notre pays, et ainsi opter pour des approches plus personnalisées. Nos décideurs politiques ont bien compris ce message et nous espérons qu'ils le mettront maintenant en œuvre par des actions concrètes.

... et de l'Europe en tant que bloc commercial ambitieux

Un quart de nos exportations est destiné à des pays hors de l'UE, et c'est là que réside la plus forte croissance. Le top 5 a beaucoup évolué au cours de la dernière décennie. Depuis le Brexit, le Royaume-Uni est devenu notre premier client hors EU (avec 3,8 milliards d’euros en 2024). Grâce à une préparation minutieuse aux changements majeurs, nous sommes plus solides que jamais sur le marché britannique. C'est un excellent exemple de ce qui peut être réalisé grâce à une collaboration public-privé approfondie.

Notre premier véritable marché d'exportation lointain est celui des États-Unis, représentant un chiffre d'affaires de 1 milliard d'euros en 2024. Cependant, une guerre tarifaire nous menace, risquant de nuire à nos relations commerciales. Nous appelons l'UE à garder son calme et à œuvrer pour une désescalade. Si des mesures de rétorsion doivent être prises en dernier recours, elles doivent rester ciblées sur un segment limité de produits. Il faut éviter un spill-over vers des secteurs non ciblés comme le nôtre, car cela entraînerait de plus en plus de secteurs dans le conflit.

De plus, pour Fevia, les accords commerciaux européens avec des partenaires stratégiques constituent un levier essentiel pour renforcer la position concurrentielle internationale de l’industrie alimentaire. L'accord commercial entre l'Union européenne et les pays du Mercosur, par exemple, offre de nouvelles possibilités d'exportation et garantit l'accès à des matières premières essentielles.
Il en va de même pour l’Australie. Les négociations pour un accord commercial ont toutefois échoué en 2022 en raison de désaccords concernant les règles de durabilité et les désignations géographiques. 

L'UE impose des normes strictes en matière sociale, environnementale et de sécurité alimentaire. Les accords commerciaux sont l'instrument par excellence pour garantir que les biens importés répondent à nos exigences. Ils offrent également un cadre approprié pour protéger les secteurs sensibles lorsque cela est nécessaire.

... et comme partenaire fort et fiable

Dans un monde en constante évolution, il est maintenant crucial d'agir de manière pragmatique et de faire en sorte que l’Europe reste un partenaire commercial fiable. Sinon, nous risquons de perdre davantage de parts de marché et d’opportunités économiques. 

Ne pas approuver les accords commerciaux dans leur intégralité afin qu'ils ne puissent entrer en vigueur que de manière "provisoire" comme pour le CETA, ou laisser traîner des procédures d'approbation durant des années comme pour le Mercosur… tout cela ne profite pas à nos entreprises. Et cela, alors même que ces accords commerciaux s'inscrivent dans des cadres internationaux en matière de travail, de commerce et de développement durable, ainsi que dans la législation européenne. Ils constituent une base solide pour collaborer en tant que partenaires avec d'autres blocs commerciaux et converger vers des standards et des normes. 

D’ailleurs, la plus grande difficulté pour nos entreprises ne réside pas dans le cadre international, mais dans le cadre européen. Elles doivent se conformer à une avalanche de règles qui minent leur compétitivité et compliquent, pour l'UE, la conclusion d’accords avec d'autres blocs commerciaux. 

Pourtant, lorsque l’Europe est unie et parle d'une seule voix, elle constitue un acteur fort, même face à des superpuissances telles que les États-Unis, la Chine et la Russie. Nous représentons également pour celles-ci un marché important pour l'exportation et l'importation. Nous ne devons pas sous-estimer notre influence dans ce domaine et devons avoir le courage de l'exploiter.
Pour préserver cette position à l’avenir, nous devons veiller à ce que nos entreprises puissent continuer à jouer un rôle sur la scène internationale.

Les entreprises alimentaires belges ont dès lors besoin d’une politique unifiée et favorable à l’entrepreneuriat aux niveaux européen, fédéral et régional, pour continuer à être un « Small country. Great food. » Fevia plaide pour une collaboration renforcée et une approche cohérente : avec un cadre réglementaire adapté et un financement ciblé, l’avenir de nos entreprises alimentaires aura encore plus de saveur.