Industrie alimentaire : l’année a très mal commencé

18.06.2024

Il faut remonter loin dans le temps pour trouver un début d’année aussi catastrophique pour l’industrie alimentaire belge.

 

Chiffre d’affaires : plus forte baisse depuis 2009

Selon les données TVA publiées par Statbel, le chiffre d’affaires de l’industrie alimentaire s’est établi à près de 20 milliards d’euros au 1er trimestre 2024. Il s’agit d’une baisse de 2,6% par rapport au 1er trimestre de l’année précédente, soit la plus forte baisse enregistrée lors d’un premier trimestre depuis 2009 (-4,1%). Sur les 15 dernières années, seuls les 1ers trimestres de 2014 (-0,6%) et de 2021 (-1,9%) avaient connu un taux de croissance annuel négatif.

Depuis le 2ième trimestre 2022 (à l’exception du 4ième trimestre 2023), la baisse du chiffre d’affaires est portée par la chute des volumes que ne compense pas la hausse des prix. Ainsi, lors du 1er trimestre de cette année, le chiffre d’affaires en volume a baissé de 5,7% par rapport au 1er trimestre 2023. Il faut d’ailleurs remonter au 3ième trimestre de 2010 pour retrouver un indice de chiffre d’affaires en volume aussi faible.

Graphique : Evolution du chiffre d’affaires en valeur, des prix aux producteurs et des ventes (volume)

Exportations: première diminution en volume depuis 2013

Les exportations en volume ont baissé de 5,4% au 1er trimestre 2024 par rapport au 1er trimestre 2023. L’industrie alimentaire connait ainsi la première baisse des exportations en volume enregistrée lors d’un 1er trimestre (sur base annuelle) depuis 2013.

Cette baisse en volume n’a été compensée que partiellement par une hausse des prix à l’exportation. Globalement, les exportations en valeur ont dès lors diminué au 1er trimestre 2024 par rapport à la même période de l’année précédente. Ce qui n’était jamais arrivé (du moins à partir de 2010, année à partir de laquelle les données de la Banque nationale sont disponibles).

Production : 4ième mois consécutif à un niveau inférieur

En avril 2024, l'indice de la production industrielle d’aliments et boissons (corrigé pour les effets calendrier) montre une baisse de 3,3% par rapport à avril 2023. Il s’agit là du 4ième mois consécutif pour lequel la production est à un niveau inférieur à celui du même mois de l’année précédente.

Faillites : pertes d’emploi à temps plein au plus haut depuis juin 2019

Après cinq mois en 2024, le nombre de faillites enregistrées dans l’industrie alimentaire en Belgique est de 52. C’est légèrement inférieur à celui de la même période de 2023 (56), mais toujours largement supérieur à celui de 2022 (41).

En ce qui concerne le nombre de pertes d’emploi enregistrées en mai 2024, il s’élève à 75, dont 65 emplois à temps plein. Il faut retourner en juin 2019 pour obtenir un nombre de pertes d’emploi à temps plein plus élevé en Belgique (230).

Investissements : belle progression

Seule éclaircie au tableau : avec 486 millions d’euros, les investissements enregistrent un bond de 7,2% au premier trimestre 2024 par rapport à la même période 2023.

Conclusion : besoin urgent de renforcer la compétitivité de notre industrie

Notre industrie alimentaire, grâce à son ancrage local, constitue l’épine dorsale de notre économie et de notre société : un rôle que nous souhaitons préserver, mais qui ne doit pas être considéré comme acquis. Les chiffres ne mentent pas :  les producteurs alimentaires, dont 95% sont des PME, ont été sévèrement frappés par des crises qui ont mis leur rentabilité et leur compétitivité à rude épreuve…et ils ne sont pas encore sortis de l’auberge. C’est pourquoi, nous appelons nos futurs gouvernements à soutenir nos entreprises et à travailler à une véritable politique industrielle qui renforce l’écosystème belge, l’ancrage local et la compétitivité de notre secteur. Retrouvez ici notre memorandum reprenant 15 propositions concrètes.