Des images savoureuses sur l'étiquette, c'est clair

04.02.2021

Qu’ont en commun les chips au paprika, le yaourt à la fraise et l’eau à la menthe ? Du goût, bien sûr ! En tant que consommateur, l’image d’un poivron, d’une fraise ou d’une feuille de menthe aide à choisir la bonne saveur. Mais comment les entreprises alimentaires, qui utilisent des représentations graphiques des saveurs et des ingrédients pour informer les consommateurs, peuvent-elles le faire sans induire le consommateur en erreur ? Fevia a pris l’initiative pour obtenir davantage de clarté, et avec la publication d’une dite « guidance » par le SPF Economie, cela a été concrétisé.

Vous est-il déjà arrivé de vouloir acheter un yaourt à la vanille, mais de rentrer chez vous avec un yaourt à la banane ? C’est arrivé à une collègue de Fevia et en fait, ce n’est pas si surprenant. Des études montrent que la grande majorité des consommateurs choisissent d’un seul coup d’œil lorsqu’ils font leurs courses. Pour éviter une telle confusion, les producteurs de denrées alimentaires mettent souvent des représentations graphiques de la saveur sur l’étiquette, de préférence aussi claires et attrayantes que possible. Car en effet, l’information et la promotion vont de pair sur l’étiquette.

Il va sans dire que cette double fonction ne doit pas induire en erreur. C’est un exercice d’équilibre très complexe dans lequel nous devons tenir compte de nombreux facteurs. En outre, ces facteurs diffèrent d’un produit à l’autre. Tant au niveau européen que belge, il existe déjà de nombreuses règles dont les producteurs de denrées alimentaires doivent tenir compte afin d’informer correctement les consommateurs. C’est notamment l’Inspection économique qui vérifie si les étiquettes des denrées alimentaires sur le marché belge sont conçues conformément à ces règles.

Toutefois, en raison de la complexité de ces considérations, il y avait souvent, dans la pratique, une marge d’interprétation de ces nombreuses règles. Pour les producteurs, ce n’était pas toujours évident de savoir ce qui était acceptable et ce qui ne l’était pas. De plus, selon certaines organisations de consommateurs, certaines de ces représentations graphiques induiraient les consommateurs en erreur. En bref : il fallait plus de clarté pour tout le monde ! En raison de l’absence d’un consensus européen sur des lignes directrices, Fevia a pris l’initiative, il y a quelques années, de mettre une proposition sur la table des autorités belges.

Fin 2018, Fevia a eu une première consultation à ce sujet avec le cabinet du ministre de la protection des consommateurs de l’époque, Kris Peeters. Après concertation avec nos entreprises alimentaires, nos secteurs et le SPF Économie, cela a débouché mi-2019 sur un premier projet concret de lignes directrices. Cette proposition a ensuite été soumise à la fois à Comeos et à Test-Achats pour prendre également en considération les points de vue du commerce et de l’organisation des consommateurs.

Une version adaptée a été soumise à Nathalie Muylle en 2020, qui avait entre-temps repris le poste ministériel de Kris Peeters. Et après une dernière série de concertations, le nouveau ministre Yves Dermagne a tranché et a approuvé une « guidance » en décembre dernier. Trois ministres et trois organisations de parties prenantes ont donc été impliquées : cela montre à quel point le défi était complexe pour arriver à des lignes directrices équilibrées !

Mais, la « Guidance relative à l’utilisation de représentations et de mentions qui mettent l’accent sur le goût dans l’étiquetage des denrées alimentaires » est-elle réellement un pas en avant ? Chez Fevia, nous y voyons des points positifs à plusieurs niveaux. Par exemple, les lignes directrices ont été créées à l’instigation de Fevia et après concertation approfondie avec le commerce et les organisations de consommateurs. En outre, une telle guidance n’est pas juridiquement contraignante, mais elle apporte plus de clarté, et donc aussi plus de sécurité juridique. Tant pour les producteurs de denrées alimentaires et les commerçants qui mettent les produits sur le marché que pour les autorités de contrôle.

Le fait que les lignes directrices permettent dans tous les cas d’utiliser des images pour communiquer la saveur d’un produit, également lorsqu’elle provient d’un arôme, est une bonne chose. Aussi pour les consommateurs. Après tout, un pot de yaourt de couleur jaune ne suffit pas pour distinguer d’un seul coup d’œil les saveurs citron, banane ou vanille... Les lignes directrices prévoient cependant que les étiquettes doivent constituer un support correct pour informer clairement le consommateur, par exemple en ajoutant explicitement le mot « saveur » à côté d’une image et/ou dans la dénomination de vente. Les règles concernant l’indication du pourcentage de certains ingrédients, comme les fruits, dans la liste des ingrédients restent en outre d’application. Ainsi il ne peut être question d’induire le consommateur en erreur.

Un avantage moins évident de la nouvelle guidance, mais qui est très important pour les entreprises alimentaires belges, est qu’elle est presque identique celle utilisée par le gouvernement français. En effet, beaucoup de produits belges se retrouvent sur le marché français. Prévoir à chaque fois des étiquettes séparées pour chaque marché coûterait inutilement cher à nos entreprises. On ne peut donc que se réjouir que des lignes directrices similaires soient également en cours d’élaboration aux Pays-Bas, et qu’elles s’inscrivent au mieux dans la démarche belge.

C’est donc un beau pas en avant, mais nous voyons encore un potentiel d’amélioration. Par exemple, parallèlement à cette nouvelle guidance, il existe toujours des anciennes législations qui imposent des règles différentes pour certains produits. Il serait préférable de revoir ces anciens arrêtés royaux, par exemple pour la limonade, et de tendre vers des règles uniformes. Le gouvernement belge est d'ailleurs lui-même demandeur de la suppression des dispositions relatives aux représentations sur l’étiquette dans le cadre de la révision de l’arrêté royal sur les limonades, précisément parce qu’il n’y a aucune raison d’avoir des règles distinctes pour les limonades uniquement. Mais malheureusement, la révision de l’arrêté royal sur les limonades est en suspens depuis un certain temps déjà.

De plus, étant donné que les lignes directrices sont assez complexes, nous invitons le gouvernement d’organiser ensemble un webinaire pour fournir davantage d’informations aux entreprises. Enfin, nous demandons également l’ajout d’un « arbre de décision » visuel pratique. De cette façon, nous pouvons créer ensemble encore plus de clarté pour les entreprises alimentaires, les commerçants, le gouvernement et les consommateurs !

Pour plus de détails sur le contenu de la nouvelle guidance, cliquez ici