Anke Grooten met les principaux défis sociétaux sur la table

30.05.2018

Fevia s’est entretenue avec Anke Grooten, le nouveau directeur des affaires sociales chez Fevia. Cette interview avait pour thème les principales ambitions et défis sociaux de l’industrie alimentaire belge.

Bonjour Anke, bienvenue dans l’industrie alimentaire ! Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de travailler chez Fevia ?

L’industrie alimentaire est un secteur innovant et dynamique ; c’est aussi la plus grande industrie du pays. C’est un secteur très varié avec une importante valeur ajoutée économique et sociétale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’industrie alimentaire représente près d’un quart de million d’emplois et est le premier employeur industriel en Belgique. 1 emploi sur 5 dans l’industrie se situe dans l’industrie alimentaire.

L’opportunité de collaborer à une industrie alimentaire forte, compétitive et durable m’a fortement attirée. D’autant qu’un des défis majeurs à relever par le secteur dans les années à venir porte sur les talents et l’emploi: il s’agit de trouver suffisamment de collaborateurs compétents pour répondre à la grande diversité d’emplois pour tous les profils. A cela s’ajoute la nécessité pour les travailleurs d’évoluer dans un cadre efficace et attrayant qui contribue à la compétitivité et durabilité du secteur.

En quoi consiste ton travail en tant directeur des affaires sociales chez Fevia ?

En tant que directeur des affaires sociales, je suis responsable du département talents et emploi. Nous soutenons nos entreprises membres au niveau du recrutement de collaborateurs qualifiés, des conditions salariales et conditions de travail actuelles et d’une organisation du travail flexible.

Nous mettons dès lors en place des actions au profit du secteur, en collaboration avec la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), le Vlaams netwerk van ondernemingen (Voka), l’Union Wallonne des Entreprises (Uwe) en le Brussels Entreprises Commerce and Industry (Beci).

En outre, nous sommes étroitement impliqués dans le projet des accords interprofessionnels et les négociations sociales. Fevia représente le secteur alimentaire tant au sein des organisations patronales que dans le dialogue avec les syndicats au niveau sectoriel. En concertation avec les syndicats, Fevia gère également, via des fonds sociaux, de nombreux avantages pour les travailleurs du secteur.

Nous informons et soutenons également les entreprises alimentaires dans l’application de la législation sociale et lors de la concertation sociale interne. Les entreprises membres peuvent s’adresser à nous pour toutes leurs questions sur les relations de travail collectives et l’organisation du travail.

Tu es responsable de la concertation sociale. Quelle est ton expérience par rapport à l’importance d’une bonne concertation sociale ?

Une bonne concertation sociale permet de créer un cadre efficace et attrayant pour le recrutement de personnel, aussi bien pour les entreprises que pour les travailleurs. Syndicats et employeurs œuvrent toujours au maintien de ce cadre de façon respectueuse. Outre le respect, une bonne concertation sociale va de pair avec un niveau de soutien et de représentativité suffisant de toutes les parties impliquées.

Le mandat que nous obtenons des membres-employeurs est essentiel et sert de base aux négociations sociales. Un exemple d'un accord qui résulte d'une négociation ? C’est le cadre que prévoit la CCT (Convention Collective de Travail) sectorielle relative aux nouveaux régimes de travail pour les entreprises, qui peuvent ainsi mieux adapter le régime des horaires à leur réalité d’entreprise.

Pour conclure, quels sont les principaux défis en matière de talents et d’emploi ?

Le plus grand défi consiste à pourvoir de manière durable aux emplois nombreux et variés dans l’industrie alimentaire. Notre objectif est de mettre en avant notre secteur en le rendant attractif auprès des demandeurs d’emploi. Le déploiement de la formation en alternance ainsi qu’une meilleure synergie entre l’enseignement et le marché du travail sont des éléments clés pour y parvenir. L’industrie alimentaire compte en effet un grand nombre de métiers en pénurie, en particulier les profils techniques, comme celui de technicien, qui sont très difficiles à trouver. Nous sommes dès lors en faveur d’une promotion active du programme STEM, notamment dans les filière techniques, afin d’encore mieux orienter les jeunes vers les entreprises alimentaires. STEM signifie Science, Technology, Engineering and Mathematics.

Parallèlement à l’arrivée de nouveaux collaborateurs, la transition professionnelle est également primordiale pour garantir un avenir solide. Les entreprises belges investissent énormément dans des formations pour leurs travailleurs, ce qui contraste nettement avec le taux de participation des citoyens aux formations dans la catégorie 25-64 ans. La mise en place d’un cadre optimal de formation continue, avec e.a. des parcours de formation plus courts permettant de réorienter les personnes actives et inactives, est donc d’une importance capitale pour accroître le niveau de participation des citoyens aux formations.

Il est également essentiel de continuer à soutenir des initiatives telles que Flanders’ FOOD et Wagralim pour pouvoir répondre aux défis des entreprises alimentaires en matière d’innovation et de numérisation.

Le dernier défi porte sur la viabilité et le coût abordable de l’emploi. Les emplois que créent nos entreprises en Flandre, Wallonie et Bruxelles contribuent de manière significative à une société solide et durable. Jour après jour, nos entreprises investissent, innovent et exportent, permettant ainsi la création d’emplois. Le maintien et la création de nouveaux emplois n’est possible que si les emplois créés restent abordables et organisables. Il est dès lors crucial de continuer à résorber le handicap salarial.