La CREG a publié, la semaine dernière, une mise à jour de l’étude de 2016. Cette étude compare les prix de l’énergie en Belgique avec ceux des pays voisins. Les conclusions de la mise à jour sont quasiment identiques à l’année dernière. Les entreprises à forte intensité électrique, quel que soit leur niveau de consommation, font face à une concurrence déloyale par rapport à leurs concurrents dans les pays voisins. L’étude confirme une fois de plus le point de vue de FEVIA qui dénonce des coûts énergétiques trop élevés pour les petites entreprises à forte intensité énergétique.
Par ailleurs, en Belgique, les entreprises à faible intensité électrique, paient leur électricité moins chère qu’en Allemagne et qu’au Royaume-Uni. En France, ces entreprises paient à peu près le même prix pour leur électricité. Par contre, au Pays-Bas, ils paieraient nettement moins cher leur électricité. De plus, l’étude démontre que, d’un point de vue général, la situation des entreprises belges s’est détériorée entre 2016 et 2017.
Comparer les prix énergétiques avec les pays voisins n’est pas une tâche facile puisque la facture énergétique ne se limite plus aux purs coûts énergétiques. Un peu plus d’un tiers des coûts totaux n’ont qu’un lien indirect avec la production et la distribution d’électricité. Ce sont les surcoûts. Ceux-ci sont des coûts liés aux obligations de service public (obligations sociales et environnementales), au soutien à l’énergie renouvelable, etc. FEVIA demande depuis plusieurs années que ces coûts ne soient payés par le biais de la facture énergétique, mais par le budget général de l’Etat. Heureusement, il existe différents mécanismes d’exonération qui permette de garder ces surcoûts quelque peu gérables. Mais, ces exonérations tiennent uniquement compte de la consommation totale et non de l’intensité énergétique. Le principe général est donc le suivant : au plus une entreprise consomme, au moins celle-ci doit payer par KWh. Les grandes entreprises sont donc toujours avantagées par rapport aux petites entreprises à forte intensité énergétique, soit un grand nombre d’entreprises de l’industrie alimentaire. Une entreprise est considérée comme intensive en énergie lorsque le coût des produits énergétiques et de l’électricité représente au moins à 3,0 % de la valeur de production. Et ce, quelle que soit la quantité d’énergie consommée.
4 profils d’électricité
L’étude a analysé, comme en 2016, 4 profils d’électricité (10 GWh, 25 GWh, 100 GWh et 500 GWh) ainsi que 2 profils de gaz naturel (100 GWh et 2,5 TWh).
Les prix énergétiques sont repartis en 3 composantes : le commodity, les coûts liés au réseau et les surcoûts. Pour les profils avec une consommation de 10 GWh ou 25 GWh, comme dans la plupart des entreprises alimentaires, les 3 composantes du prix ont augmenté entre 2016 et 2017. Le coût de l’électricité reste plus élevé en Wallonie par rapport à la Flandre mais cette différence est moins prononcée qu’en 2016 suite à la mise en œuvre de la taxe énergétique flamande. Tant en Flandre qu’en Wallonie, les entreprises alimentaires paient en moyenne davantage pour leur électricité que les autres secteurs industriels en Belgique. En effet, la plupart des entreprises alimentaires ont une consommation entre 10 et 25 GWH et peuvent dès lors moins profiter des mécanismes d’exonération dégressifs.
En ce qui concerne le gaz naturel, la Belgique est compétitive avec les pays voisins.
Concurrence avec les pays voisins
Les Pays-Bas et le Royaume-Uni
Pour chaque profil, intensif en électricité ou non, les Pays-Bas disposent des coûts d’électricité les plus bas parmi les pays voisins analysés. Les entreprises belges font donc face à une concurrence déloyale par rapport à leurs concurrents hollandais. Après la France, les Pays-Bas représentent le principal pays exportateur pour les entreprises belges, ce qui renforce d’avantage cet inconvénient.
Par rapport au Royaume-Uni, les entreprises belges paient nettement moins. Le Royaume-Uni est l’unique pays parmi les pays voisins où le prix de l’électricité a baissé comparé à 2016. Cela est principalement dû aux effets du taux de change.
La France
Pour les entreprises à faible intensité électrique, la Flandre bénéficiait en 2016 de prix d’électricité inférieurs à la France. Suite à la taxe énergétique en Flandre, cet avantage est perdu. L’électricité en Wallonie était et reste plus chère qu’en France. En ce qui concerne Bruxelles, les prix de l’électricité sont en ligne avec ceux de la France.
Les entreprises à forte intensité électrique paient leur électricité moins chère en France. Cela est dû à la “contribution au service public d’électricité” grâce à laquelle les entreprises à forte intensité électrique bénéficient d’importantes réductions sur leurs coûts d’électricité.
Vu que la France est le plus grand pays exportateur, la suppression de l’écart entre les coûts énergétiques wallons et français est absolument nécessaire.
L’Allemagne
Pour les entreprises à faible intensité électrique, les prix de l’électricité pour les profils 10 GWh et 25 GWh sont supérieurs de 80 % comparé à la Belgique. Cela est gigantesque et est dû au EEG-Umlage qui impose des coûts supplémentaires (surcoûts) de 68,8 €/MWh aux entreprises qui ne respectent pas les critères stricts. En revanche, les entreprises à forte intensité électrique paient un surcoût de 1€/MWh, ce qui représente un réel avantage. Un avantage qui est encore plus important pour les entreprises qui consomment 100 et 500 GWH, donc les très grands consommateurs qui ne se trouvent pas dans l’industrie alimentaire.
Sur base de cette étude, FEVIA continuera à défendre les intérêts des entreprises alimentaires à forte ou faible intensité électrique.