À table avec... Dirk Van den Broecke

30.06.2021

De l’économie d’énergie à l’énergie renouvelable, en passant par la neutralité climatique : les entreprises alimentaires prennent de nombreuses mesures sur le plan énergétique et environnemental. A juste titre, car l'Union européenne a fixé un certain nombre d'objectifs ambitieux auxquels l'industrie alimentaire doit également contribuer. Mais comment aider nos PME, qui représentent pas moins de 96% du secteur alimentaire, à investir dans l’efficacité énergétique ? Dirk Van den Broecke, qui coordonne le projet EFES pour Fevia Vlaanderen, en tant que consultant indépendant spécialisé en énergie, est l'expert idéal pour nous éclairer à ce sujet.

A table avec.. Dirk Van den Broecke

En tant que consultant, tu as visité de nombreuses PME du secteur alimentaire. Quels sont les défis auxquels les entreprises sont confrontées ?

« Je perçois deux défis à long terme. Le premier est la production de chaleur. Les entreprises alimentaires génèrent de la chaleur au cours du processus de production : pour la cuisson, la stérilisation et l’ébullition, par exemple. Pour ce faire, elles utilisent du gaz naturel, dont la combustion s’accompagne malheureusement de l’émission de gaz à effet de serre. Ces émissions viennent se heurter à l’objectif de l’Union européenne de faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre d’ici 2050. Les entreprises alimentaires doivent dès lors réduire leurs émissions de C02, ce qui est loin d’être évident. De nombreuses recherches sont actuellement en cours pour essayer de trouver des alternatives, par exemple, pour produire de la vapeur. Il est hélas encore trop tôt pour lancer ces alternatives sur le marché. »

Quel est le second défi à long terme ?

« Comme vous le savez, la Belgique a décidé de fermer toutes ses centrales nucléaires d'ici 2025.  Cette mesure nécessite des investissements importants afin de produire de l’énergie par d'autres moyens. Les centrales nucléaires assurent 45 à 50% de notre production énergétique, soit près de la moitié. Par quoi allons-nous les remplacer ? Un certain nombre d’investissements sont déjà réalisés, comme par exemple, les centrales au gaz. Encore faut-il que ces investissements soient rentables.

On peut donc s'attendre à ce qu’ils se répercutent sur le prix de l’électricité, alors que nos entreprises ont déjà des factures énergétiques plus élevées que les pays voisins. D’autre part, plus le prix est élevé, plus il est intéressant de produire soi-même de l’énergie. Les énergies solaire et éolienne paraissent les choix les plus évidents. »

Zonne- en windenergie

Comment encourager les PME à investir dans des solutions alternatives ?

« Le soutien des pouvoirs publics est ici très important. Par exemple, en rendant plus attrayants des projets qui génèrent de l’énergie renouvelable ou en stockant l’électricité à l’aide de batteries. Pour vous donner un exemple concret : une entreprise qui produit de l'énergie en journée, grâce à des panneaux solaires, peut stocker cette énergie en surplus dans une batterie et l'utiliser la nuit pour poursuivre sa production. L'utilisation de batteries garantit un optimum économique. Toutefois, nous nous trouvons face à un autre problème : à l'heure actuelle, le délai d'amortissement d'une batterie est aussi long que son délai d’utilisation. »

Vois-tu des solutions à court terme ?

« Je conseille aux PME de travailler sur les économies d’énergie. Sur base de l’ensemble de mes visites d’entreprises, principalement des PME, je perçois trois mesures qu’elles devraient toutes prendre. La première est l’éclairage. Malgré l’introduction de l’éclairage LED, de nombreuses entreprises utilisent encore d’anciens éclairages. La mauvaise isolation des conduites est le second point faible. En particulier sur les conduites des systèmes d'eau chaude et de vapeur, je vois de petits morceaux de tuyaux qui ne sont pas isolés. Cette solution est relativement simple et n’occasionne des coûts qu’une seule fois. Comme l'isolation ne s'use pas, elle ne nécessite aucun entretien.  

Luchtcompressor

Le troisième point sensible est l'air comprimé, grand consommateur d'énergie ! La pression sur le réseau est souvent très élevée et l’on constate des fuites d’air comprimé. Ces dernières peuvent être détectées de deux manières : à l’oreille ou, encore mieux, à l’aide d’un appareil à ultrasons, car il n’est pas possible d’entendre toutes les fuites. C’est pourquoi Fevia lance un achat groupé pour détecter ensemble, à moindre coût, les fuites d’air comprimé cachées. »

Le projet EFES offre des solutions ‘quick win’ ?

« C’est exact. Le projet EFES permet aux entreprises alimentaires de recevoir des conseils sur les mesures à prendre pour réduire leur consommation d’énergie et donc leurs coûts. Nous mettons l’accent sur des interventions simples et directement applicables au niveau de l’éclairage, des fuites ou de l’isolation. Même de petits ajustements peuvent faire une grande différence sur votre facture énergétique. En tant qu’ ‘ontzorger’ EFES, j’accompagne le projet dans la mise en oeuvre de ces mesures. Vous verrez qu’investir dans des mesures d’économie d’énergie n’est pas forcément difficile et coûteux. »

Quelles sont les tendances en matière d’efficacité énergétique et de préservation de l’environnement ?

« Je vois de grandes entreprises alimentaires remplacer leurs chaudières à vapeur par des cogénérations. Celles-ci ont l'avantage de générer non seulement de la vapeur mais aussi de l'électricité. Si j'ouvre la question de manière plus large, je constate également un changement au niveau du transport. Au lieu d'utiliser des camions, les entreprises se tournent de plus en plus vers le rail et les voies navigables. Et dans les PME, on observe un intérêt croissant pour les panneaux solaires. »

En résumé, la prise de conscience est élevée ?

« Tout à fait, la prise de conscience des entreprises ne cesse d'augmenter. L’objectif que s’est fixé l’Europe d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 a réveillé de nombreux entrepreneurs. On me pose souvent la question suivante : ‘Que peut faire mon entreprise pour devenir neutre sur le plan climatique ?

L’industrie alimentaire est un véritable secteur de PME. Elles aussi doivent contribuer aux objectifs climatiques en réduisant leurs émissions de CO2. Après plusieurs années d'expérience avec le projet EFES, il est clair qu'il n'existe pas de solution unique. Ce qui me frappe également, c’est le grand potentiel pour faire mieux. Les PME qui saisissent les opportunités aujourd’hui, augmentent leur résilience et se préparent pour l’avenir. »

Prenez contact avec Dirk, notre ‘ontzorger’ EFES