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- Que nous apprennent les protestations des agriculteurs ?
Est-ce que 2024 sera l’année de l’industrie ? Ce début d’année s’est déjà montré mouvementé, illustrant que nous devons travailler à un système alimentaire qui soit également plus durable au sens économique, avec des accords équilibrés et un prix juste pour chaque maillon de la chaîne. Ce n’est en soi pas nouveau, mais les protestations des agriculteurs nous prouvent à quel point ce sujet est d’actualité. Ces événements nous le rappellent une fois de plus.
1. Pas d'alimentation sans agriculture
Jeudi 1er février, 9 heures. Là où, d’habitude, les voitures défilent dans la rue Belliard en pleine heure de pointe, le silence est roi. Les voies de circulation se sont muées en places de parking pour les tracteurs des agriculteurs qui, non loin, manifestent haut et fort sur la place du Luxembourg.
Car ils sont en colère. Des klaxons, des clameurs et des déflagrations interrompant les moments de calme se font entendre depuis les bureaux de Fevia.
Nous entendons la manifestation, mais nous écoutons d'autant plus les préoccupations des agriculteurs. L'industrie alimentaire belge est étroitement liée à l'agriculture belge. Pas moins de 60 % des matières premières que nous utilisons proviennent de notre propre sol. Nous avons donc mutuellement besoin l'un de l'autre. Une chaîne agroalimentaire forte et ancrée localement est essentielle pour garantir notre approvisionnement alimentaire et éviter que nous ne devenions dépendants de pays étrangers.
Les entreprises alimentaires et les agriculteurs partagent les mêmes préoccupations : charges administratives élevées, complexité, incertitude juridique, tsunami d'obligations régionales, nationales et internationales et d'exigences en matière de durabilité qui s'abattent sur la chaîne agroalimentaire... Tous ces éléments pèsent sur la rentabilité et la compétitivité de nos entreprises et nécessitent des investissements importants qui sont difficiles à financer en raison des étroites marges actuelles.
Les partenaires de la chaîne agroalimentaire belge demandent par conséquent aux décideurs politiques un cadre approprié dans lequel toutes ces obligations restent gérables. Notre collègue Anne Reul a notamment partagé ce même message lors de l'émission « QR » de la RTBF, à laquelle ont participé tous les maillons de la chaîne ainsi que le ministre wallon de l'Agriculture, Willy Borsus : « Le gouvernement dispose de tous les leviers pour rendre notre pays à nouveau compétitif et supprimer les formalités administratives. »
© RTBF
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La chaîne agroalimentaire belge est un acteur économique stratégique en Belgique.
Ensemble, ils ont formulé cinq priorités à l'intention des décideurs politiques
2. L'heure est au dialogue
Les agriculteurs estiment que l'on parle trop « d'eux », mais pas « avec eux ». Pour beaucoup, la coupe est pleine, et ils font à présent entendre pleinement leur voix. Notre CEO Bart Buysse a récemment participé à l'émission néerlandophone De Zevende Dag sur la VRT. Les autres maillons de la chaîne et l’homme politique Wouter Beke y ont eux aussi pris part. Ensemble, ils ont échangé sur la façon dont nous pouvons revaloriser l’alimentation et garantir une rémunération correcte à chaque maillon de la chaîne. Et qu'en est-il ressorti ? Qu’il est nécessaire de renforcer la collaboration entre le monde politique et la Concertation de la chaîne belge, qui ne devrait pas être impliquée uniquement quand la maison brûle.
© VRT
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Les agriculteurs prennent part à ces concertations. Et à juste titre, car des partenariats solides et des pratiques commerciales équitables sont deux conditions préalables à la mise sur le marché de produits de qualité à un prix correct.
En tant que maillon central de la chaîne agroalimentaire, nous sommes heureux de contribuer à rendre notre système alimentaire plus durable. En novembre, Fevia a donc organisé une table ronde sur la façon de déterminer le prix « correct ». Des organisations d’agriculteurs, des entreprises alimentaires, des acteurs de la distribution, des universitaires, des représentants des autorités et des organisations de la société civile ont discuté, entre autres, des facteurs déterminants à la définition d’un prix correct.
Nous avons distillé le résultat de cette conversation en dix pistes de réflexion, qui sont aujourd'hui plus pertinentes que jamais. Les protestations des agriculteurs peuvent servir de catalyseur pour parvenir à des accords à ce sujet dans le cadre de la Concertation de la chaîne et avec les décideurs politiques. La création de la nouvelle Taskforce Agrofood, initiée par les ministres Clarinval et Dermagne et la secrétaire d'État Bertrand, représente déjà un pas dans la bonne direction.
Il y a une faille dans notre système alimentaire, et elle doit être colmatée. Cela n'est possible que grâce à la collaboration entre tous les maillons de la chaîne jusqu'au consommateur. Cela signifie qu'il faut payer le juste prix qui couvre le coût d'une alimentation durable, de qualité et produite localement, et qui laisse de la place à l'innovation et à l'investissement.
Curieux de découvrir les réflexions des participants issues de cette table ronde ?
C’est par ici
3. Impliquer les autorités et les consommateurs
Réfléchissons tous ensemble et menons une discussion fondamentale sur la manière de créer un modèle de revenu durable pour tous les maillons de la chaîne. Cela dépend non seulement d'une meilleure collaboration entre ces derniers, mais aussi du cadre dans lequel ils travaillent.
Pensez à nos coûts salariaux et énergétiques élevés, à la fiscalité et aux nombreuses charges et obligations administratives qui ont un impact sur le prix de l’alimentation et pèsent sur les marges au sein de la chaîne. Les entreprises agricoles et alimentaires doivent donc financer de nombreux investissements. En effet, la transition vers un système alimentaire plus durable nécessite de nombreux ajustements. L'écart entre des marges trop étroites et des immenses risques et investissements est trop important.
C’est pourquoi le gouvernement devrait également s’impliquer, car il dispose de nombreux leviers dans ce domaine. Pour garantir des conditions de concurrence équitables afin que nous restions compétitifs par rapport aux entreprises agricoles et alimentaires de l’étranger. Pour faire en sorte que la transition nécessaire reste gérable et pour guider et soutenir les entreprises agricoles et alimentaires dans ce processus. Pour garantir la sécurité juridique et la sécurité des investissements. Car pour qu'un système soit durable, il doit également être économiquement durable.
L’alimentation doit répondre à un nombre d’exigences de plus en plus grand. Elles demandent beaucoup d'efforts de la part de nos producteurs dans l'agriculture et l'industrie alimentaire. Et elles ont un prix. Il est nécessaire de sensibiliser les consommateurs à cette réalité. L'alimentation doit être réévaluée à sa juste valeur. Là encore, les autorités peuvent nous venir en aide.
Si nous, partenaires de la chaîne et décideurs politiques, concluons de bons accords ensemble, nous pouvons faire en sorte que notre système alimentaire devienne plus durable, que la situation s'améliore pour tous les maillons de la chaîne, et que le prix reste correct pour les consommateurs. Tout le monde en sort gagnant. Food for thought...