En septembre, l’inflation alimentaire a poursuivi sa décrue enclenchée il y a cinq mois. En effet, après avoir atteint un pic de 17,02% en mars 2023, elle est aujourd’hui de 11,15%. Meilleure nouvelle encore : les prix alimentaires aux consommateurs ont nettement reculé au mois de septembre par rapport au mois précédent. De quoi se dire que le plus dur est passé ?
Comme prévu dans notre précédent article à ce sujet (Pas de hausse anormale des prix alimentaires | Fevia), les prix alimentaires dans les rayons des supermarchés ont globalement baissé au mois de septembre par rapport au mois d’août : -2,3%. Sur les 64 catégories de produits alimentaires et boissons relevés par Statbel - l’office belge de statistiques - 45 ont vu leur prix diminuer, soit 7 catégories sur 10. Les diminutions de prix les plus importantes sont à mettre sur le compte du « chocolat » (-17,7%), des « céréales du petit déjeuner » (-15,3%) et des « jus de fruits et de légumes » (-10,3%). Hors boissons, les prix des produits alimentaires ont en moyenne diminué de 3,2% par rapport au mois d’août.
Certes, le mois de rentrée scolaire est traditionnellement synonyme de prix plus faibles. Mais la baisse enregistrée cette année est la plus importante jamais actée. Le précédent record datait en effet de septembre 1996 et pointait à -1,6%. Peut-on dès lors parler de baisse structurelle des prix alimentaires ? En tout cas, cela vient apporter de l’eau à notre moulin quand nous expliquions pourquoi une intervention dans les prix n’était pas utile, et même contre-productive. Et à celui de l’Observatoire des Prix dont la dernière analyse mettait en évidence les délais dans la transmission des augmentations des coûts de production, comme des baisses, dans les prix de vente au maillon suivant dans la chaîne agro-alimentaire.
Attention cependant à ne pas crier victoire trop tôt. Premièrement, le cours des matières premières ne baisse pas pour toutes les denrées. Deuxièmement, une nouvelle taxe « déchets sauvages » sur un grand nombre de produits alimentaires et boissons entrera bientôt en vigueur. Ce coût actuellement estimé par les autorités à 114 millions d’euros pour les producteurs alimentaires sera sans aucun doute (partiellement) répercuté sur le consommateur. Troisièmement, le gouvernement est en conclave budgétaire. Si par malheur une augmentation de taxes, par exemple de la cotisation emballage ou de la TVA, devait être décidée, cela impacterait inévitablement le ticket de caisse des ménages. Enfin, l’indexation automatique des salaires, certes nettement moindre que l’année passée, pointe le bout de son nez.
Pour conclure en tant qu’économiste, on peut donc dire que, toutes choses égales par ailleurs, ou en d’autres termes sans catastrophe climatique et sans intervention intempestive de nos autorités, l’inflation devrait continuer à refluer jusqu’à atteindre un niveau raisonnable.
Retrouvez en un coup d’œil les tendances et les dernières évolutions de toutes une série de coûts et de prix dans notre dashboard interactif : Dashboard économique | Fevia