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- Evolution des marges – Episode 3 : le commerce alimentaire
Entre 2021 et 2022, le chiffre d’affaires a fortement augmenté dans le commerce de gros de produits alimentaires (+10,8%), tandis que la hausse était plus faible dans le commerce de détail non spécialisé à prédominance alimentaire (ci-après retail) (+2,5%) et dans le commerce de détail alimentaire en magasins spécialisés (+6,5 %). Au niveau de la marge nette, celle-ci s’est contractée dans les trois branches.
Forte chute de la marge du retail en 2022
La marge nette du retail est passée de 1,93% en 2021 à 1,16% en 2022, atteignant le point le plus faible de la période analysée (2017-2022). Cette diminution de la marge nette s’observe dans l’ensemble des sous-secteurs du commerce de gros et de détail de produits alimentaires. Cependant, pour ces deux derniers secteurs, la marge en 2022 a été généralement plus élevée que celle observée en moyenne sur la période 2017-2019.
A noter qu’au moment de la rédaction du rapport de l’Observatoire des Prix, les comptes annuels 2022 de l’entreprise Delhaize Le Lion n’étaient pas encore disponibles. Cette entreprise n’est donc pas prise en compte dans l’échantillon constant analysé.
Dans le retail, une proportion élevée d’entreprises affichait une perte d’exploitation en 2022 : 28,5%, soit le niveau le plus élevé de la période analysée. Cette proportion a également augmenté dans le commerce de gros et le commerce spécialisé par rapport à 2021, mais le niveau n’est pas plus élevé que celui observé dans les années 2017-2019.
Notamment à cause de la hausse de la concurrence
L’évolution des principaux postes de coûts auxquels sont confrontées les (grandes et moyennes) entreprises du retail témoigne d’une stabilité de la part des approvisionnements et marchandises dans le chiffre d’affaires total entre 2021 et 2022 (un peu moins de 75%). En revanche, la part relative des services et biens divers et des salaires ont augmenté. Cela signifie que la grande distribution a été en mesure d’augmenter ses prix aux consommateurs à concurrence de la hausse des prix d’achats des produits, mais sans parvenir à intégrer la hausse des autres coûts de production.
Il est important de noter que ce secteur est soumis à une indexation automatique des salaires basée sur le dépassement d’un indice pivot, contrairement à l’industrie alimentaire dont l’indexation a lieu une fois par an.
L’Observatoire des Prix note que, par rapport aux précédentes vagues inflationnistes (2006-2008 et 2010-2013), la capacité des retailers de répercuter toute la hausse des achats, des services et biens divers et des salaires sur les prix de vente semble avoir faibli. Cela résulte potentiellement de la hausse de la concurrence dans le secteur et de l’intensité de la hausse actuelle des différents coûts de production.
Les grandes entreprises nettement plus touchées
La diminution de la marge nette entre 2021 et 2022 s’observe quelle que soit la taille des entreprises en ce qui concerne le secteur du retail. Cependant, le graphique ci-dessous met en évidence une évolution différente entre d’une part, les grandes entreprises (>250 travailleurs) et d’autre part, les petites et moyennes entreprises. En effet, les PME ont engrangé une marge nette relativement (très) élevée en 2021. En 2022, la marge a diminué mais est restée supérieure à la marge moyenne sur la période 2017-2019. Par contre, pour les grandes entreprises du retail, la marge nette en 2021 était à un niveau inférieur à celle de la période 2017-2019. Et a continué à diminuer en 2022 pour atteindre un niveau historiquement bas.
Ce sont donc surtout les grandes entreprises qui connaissent un recul de leur rentabilité. Or, ce sont elles qui se livrent à une concurrence féroce sur les prix. D’une certaine manière, elles se tirent une balle dans le pied. Dans son étude précédente (décembre 2022), l’Observatoire des Prix indiquait que sur les 16 grandes entreprises de la grande distribution, 5 avaient une rentabilité négative. A côté de la concurrence, il y a donc certainement une part d’inefficience qui impacte négativement les résultats.
A noter que les données concernent uniquement les entités belges de la grande distribution. Or, celles-ci font en majorité partie de grands groupes actifs sur de nombreux marchés. Ils peuvent donc se permettre d’avoir une rentabilité (très) faible en Belgique si d’autre part, les résultats sur les marchés étrangers sont bons.
Statu quo attendu en 2023
Pour 2023, les tendances dégagées par le modèle théorique de l’Observatoire des Prix sont moins claires, mais c’est le statu quo des marges qui semble dominer, avec des coûts qui continuent à croître en début d’année, mais redescendent ensuite alors que les prix de vente s’inscrivent dans une dynamique de stabilisation.
Précédemment : Aperçu global - Industrie alimentaire
A suivre : épisode 4 « Les marges dans l'agriculture »