Encore des aliments belges dans les rayons demain ?

07.10.2022

La continuité de notre industrie alimentaire est en jeu. Voulons-nous encore demain une industrie et une chaîne alimentaire belges fortes, des produits alimentaires locaux dans les rayons des magasins et des emplois pour nos 98 000 food heroes ? Lisez notre appel aux responsables politiques et découvrez les témoignages de dix entrepreneurs en cliquant ici

Depuis deux ans, le prix des matières premières alimentaires, des emballages et du transport connaissent une augmentation exponentielle. A cela est venu s’ajouter une explosion des coûts énergétiques : 63 % des entreprises alimentaires ont vu leurs factures de gaz et d'électricité plus que doubler en 2022. Et pour 40%, elles ont même plus que triplé.

Nos entreprises ont traversé de nombreuses crises en faisant preuve de beaucoup de résilience. Mais cette crise-ci, tant par son ampleur que par sa durée, pourrait bien porter le coup de grâce. Et le coup fatal pourrait arriver à très court terme, avec une indexation des salaires de plus de 10%.

L’augmentation totalement imprévue des coûts de production oblige nos producteurs à demander à leurs clients une renégociation de leurs prix de vente. Malheureusement, la grande distribution ne l’a accepté que pour une moitié d’entre eux. Et quand bien même ! La hausse consentie ne représente qu’une petite fraction de ce qui aurait été nécessaire pour que nos entreprises conservent une rentabilité normale.

Pour un quart de nos entreprises, leur demande de révision de prix a été refusée. Et le quart restant n’a même eu droit à une réponse ou à une chance de renégocier. Pourtant, de nombreux producteurs constatent que le prix de leurs produits en magasin a beaucoup plus augmenté que ce qu’ils ont obtenu. Il y a donc quelque chose de fondamentalement anormal ici !

Selon une étude de Graydon, le manque de réserves financières - épuisées par les crises successives - pourrait mettre 40 % de nos entreprises en grande difficulté en cas de nouveau choc. Or, celles-ci n’emploient pas moins de 16.000 food heroes.

Ceci est en ligne avec notre dernière enquête réalisée auprès de nos membres : 4 entreprises sur 10 pourrait réduire ou arrêter - temporairement - la production. Tout doit bien sûr être mis en œuvre pour éviter un tel scénario catastrophe. C’est pourquoi des mesures d’aide temporaires sont nécessaires, maintenant !

Dix-sept États membres ont déjà activé le Temporary Crisis Framework mis en place par la Commission européenne. Dans notre pays, la Flandre et la Wallonie ont annoncé des mesures de soutien direct sous la forme de subventions pour les entreprises les plus impactées, bien que de manière beaucoup plus limitée et, en Flandre, à des conditions plus strictes que, par exemple, en France et en Allemagne. Comme dans d’autres États membres, la Flandre et la Wallonie libèrent également des fonds pour des prêts et des garanties (1 milliard d'euros et 300 millions d'euros respectivement) pour les entreprises ayant des problèmes de liquidités.

Seules des entreprises compétitives peuvent maintenir les emplois, les investissements, l'innovation et le potentiel de production dans notre pays. Soutenir les entreprises alimentaires aujourd'hui, c'est donc investir dans l'avenir et offrir des perspectives afin de sortir plus rapidement de la crise.

Comment les décideurs politiques peuvent-ils apporter leur soutien ?

Énergie

  1. Limitez les prix de l'énergie et découplez les prix du gaz et de l'électricité au niveau européen 
  2. Donnez plus rapidement et de manière plus souple aux entreprises des autorisations pour passer (temporairement) à d'autres sources d'énergie
  3. Donnez aux entreprises les plus touchées le droit à un crédit d'impôt fédéral
  4. Maximiser le potentiel du cadre temporaire de crise européen et œuvrez à une prolongation et une extension au niveau européen

Coûts salariaux 

5. Appliquez la loi de 1996 sur la sauvegarde de la compétitivité, mais adaptez le mécanisme d'indexation automatique ou limitez-en l’impact afin d'éviter un handicap salarial supplémentaire et de réduire le handicap existant

Chômage temporaire

6. Mettez en place un régime de chômage temporaire simple et flexible pour les ouvriers et les employés, facilement applicable jusqu'à la fin de 2023

Standstill

7. N’introduisez pas de nouvelles taxes, charges ou obligations qui, directement ou indirectement, augmentent les coûts ou les charges administratives des entreprises ou affectent leur compétitivité