En l’espace de 9 mois, les Belges ont plus dépensé dans les supermarchés de l’autre côté de nos frontières que sur l’ensemble de l’année 2022. Le pouvoir d’achat sous pression et des taxes plus élevées chez nous expliquent certainement cela.
Sur les 3 premiers trimestres 2023, les achats transfrontaliers ont atteint déjà 566 millions d’euros contre 546 millions d’euros sur toute l’année 2022. Il est donc certain que 2023 sera malheureusement une année historique avec sans doute un montant total dépassant la barre des 700 millions d’euros.
Cette hausse est en grande partie à aller chercher du côté de la France. En effet, les dépenses des Belges y ont augmenté de 76% si l’on compare les trois premiers trimestres 2023 et 2022. Aux Pays-Bas, la hausse n’est « que » de 34% et en Allemagne/Luxembourg de 13%. En comparaison, les dépenses des ménages dans les supermarchés en Belgique ont nettement moins progressé (11%). Ce qui démontre l’engouement pour l’achats transfrontaliers.
Ce phénomène est particulièrement marquant pour les boissons. Le graphique ci-dessous reprend les catégories de produits pour lesquels la part des dépenses alimentaires dépensée diffère significativement en Belgique par rapport aux pays voisins, que ce soit en positif ou en négatif. Par exemple, la viande représente 19,5% des dépenses alimentaires des ménages en Belgique, alors qu’elle ne représente que 11,5% des achats faits à l’étranger. A l’inverse, les boissons non alcoolisées comptent pour 15,8% du ticket de caisse à l’étranger alors que ce n’est que 8,1% en Belgique.
Qu’ont en commun tous les produits du côté droit du graphique ? Bien sûr, ce sont des boissons. Mais ce sont surtout les produits pour lesquels les taxes, en particulier les accises et la cotisation sur les emballages, sont nettement plus élevées en Belgique que dans les pays voisins. Celles-ci se répercutant inévitablement dans les prix, il n’est dès lors pas étonnant que les Belges traversent la frontière pour se ravitailler à moindre coût. Selon nos calculs, sur les trois premiers trimestres 2023, l’Etat belge aurait perdu près de 85 millions d’euros en recettes de TVA, d’accises et de cotisation sur les emballages non perçues.
