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- Nouvelle année, nouveau Nutri-Score – une bonne évolution ?
Dans la rubrique « Qu’est ce qui change à partir du 1 janvier 2024 », les médias belges mettent chacun à la une le nouveau Nutri-Score. Fevia analyse pour vous cette évolution.
Pas encore d’uniformisation au niveau européen
Le point de vue de Fevia est clair et n’a pas évolué d’un iota : seul un système d’information extra-légale clair et transparent pour le consommateur développé au niveau européen sur base scientifique trouve grâce à nos yeux. Le système de Nutri-Score est actuellement adopté par 7 pays dont la Belgique et la Suisse (ne faisant pas partie de l’union européenne). Pour les autres 21 pays de l’Union européenne, le Nutri-Score n’est pas la référence et est parfois même interdit. Pour la Belgique, pays fortement exportateur dans de nombreux pays européens, cette cacophonie ne facilite en aucun cas la vie des producteurs tant au niveau de l’étiquetage que de la composition de leur produit.
Des modifications vraiment utiles ?
La méthodologie de calcul du Nutri-Score a été développée en 2017/2018 en France. 7 ans plus tard une analyse critique sur base de l’expérience accumulée et des évolutions scientifiques s’imposait. Certaines évolutions sont positives et permettent de mieux s’aligner avec les recommandations alimentaires dans les différents pays européens. D’autres posent questions. Ainsi Unesda, la fédération européenne des boissons rafraichissantes dénonce le fait que les boissons ne contenant aucun sucre puissent recevoir le Nutri-Score C. EDA, la fédération européenne du lait regrette aussi que le nouveau système ne tienne pas compte des lignes directrices européennes en matière d’alimentation spécialement pour les produits laitiers liquides et le lait. AIBI, la fédération européenne des boulangeries pose également de sérieuses questions sur le nouvel algorithme. Le fait que le pain blanc et brun reçoivent touts les deux le même mauvais Nutri-Score est contraire aux recommandations de la pyramide alimentaire. Des analyses montent également que la réduction de la quantité de sel dans le pain n’est pas du tout reconnue avec le nouveau Nutri-Score.
Faire évoluer le Nutri-Score était utile voire indispensable mais l’occasion est manquée de consolider la base scientifique du système pour tous les types de produits.
Une période transitoire bien nécessaire
D’aucuns semblent reprocher à l’industrie la période transitoire de deux ans donnée aux entreprises pour s’adapter. Néanmoins, cette période transitoire est une évidence. Il est en effet impossible de faire en sorte que du jour au lendemain, tous les produits dans les magasins soient soudain munis du nouveau Nutri-Score. Cela signifierait que le 31 décembre tous les rayons des magasins devraient être vidés pour être re-remplis le 1 janvier avec les produits mentionnant le nouveau Nutri-Score. Cela représenterait un gaspillage énorme non seulement au niveau des magasins mais aussi tout au long de la chaine d’approvisionnement. Pour d’autres produits à très longues durée de vie comme les conserves ou les produits surgelés, ils peuvent avoir été produits avant que la nouvelle méthodologie ne soit connue. Pour ces produits, une longue période de transition est donc indispensable.
Campagne de communication forte nécessaire
Le SPF Santé publique évalue que 40 % des produits étiquetés avec un Nutri-Score devront le modifier soit vers le haut, soit vers le bas. Il est donc possible qu’un consommateur pendant une période plus ou moins courte soit confronté à des Nutri-Scores différents pour un même (type de) produit. Le comité de pilotage des 7 pays européens a décidé qu’il était possible d’ajouter au logo la mention « nouveau calcul » mais les modalités pratiques seront communiquées en janvier.
Fevia ne peut pas être d’accord avec cette approche pour les trois raisons suivantes :
- Si élément graphique, il doit, bien entendu, être concerté entre les différents pays. Or à ce jour, il n’y a aucun accord sur cet élément graphique et des produits avec le nouveau Nutri-Score sont déjà sur le marché depuis le 1 janvier.
- Pour 60 % des produits, le Nutri-Score ne doit pas être changé. Doivent-ils eux aussi apposer l’élément graphique complémentaire ?
- Le choix du consommateur se fait en quelques secondes. Qu’il prenne en compte le Nutri-Score est déjà un succès. Repérer l’élément graphique serait un fameux défi.
Au lieu d’un élément graphique complémentaire, Fevia demande une communication coordonnée et forte des autorités fédérales. Si les autorités sont convaincues que le Nutri-Score peut contribuer significativement à un style de vie sain, elles doivent également prendre leur responsabilité en expliquant à large échelle les modifications. La France a prévu une grande campagne de communication. En Belgique, le SPF Santé publique dispose, à ce jour, d’un budget maigrichon…
Période de transition – Notion de nouveaux produits
Une version actualisée au 21 décembre 2023 de la FAQ internationale est disponible ici.
Cette FAQ confirme la période de transition de 24 mois pour des produits déjà mis sur le marché avant le 1 janvier 2024. Cette période doit permettre de liquider les stocks. Pour les nouveaux produits, l’apposition du nouveau Nutri-Score est obligatoire.
Le FAQ ne donne pas de définition d’un nouveau produit mais précise quels produits peuvent bénéficier de la période de transition :
- Produit déjà étiqueté et mis sur le marché avec l'algorithme original, avant l'entrée en vigueur de l'algorithme actualisé.
- Gamme de produits mis sur le marché avec l'algorithme original avant l'entrée en vigueur de l'algorithme mis à jour.
De plus, les cas suivants ne sont pas considérés comme de nouveaux produits et peuvent bénéficier de la période de transition :
- Produit affichant le logo et déjà sur le marché, mais dont le poids ou la taille de l'emballage sont modifiés (modification d'une référence existante) ;
- Produit affichant le logo et déjà sur le marché, et pour lequel une nouvelle référence avec un autre poids est mis sur le marché:
- Produit affichant le logo et déjà sur le marché, ayant subi un changement de recette (même référence).
Situation dans les autres pays européens
Même si la situation n’est pas identique dans les différents pays concernés, les conditions d'utilisation du Nutri-Score applicables dans les pays d'origine respectifs sont applicables dans les autres pays pour garantir le principe de libre marché et le principe de reconnaissance mutuelle.
France
En France, tout le mécanisme du Nutri-Score y compris la méthodologie est défini dans un arrêté. Or cet arrêté n’est pas encore prêt. Il a été notifié au niveau européen le 23 octobre 2023. L’arrêté français sera donc définitif durant le premier ou le second trimestre 2024. Pour les opérateurs belges qui exportent en France, vu le principe de libre circulation des biens, vous pouvez déjà mettre sur le marché français au 1 janvier 2024, des produits avec le nouveau Nutri-Score. Pour les opérateurs français qui mettent leurs produits sur le marché en France, ils doivent attendre la publication de l’arrêté. Particularité française, les nouveaux produits bénéficient d’une période transitoire de 6 mois.
Pays-Bas
Les Pays-Bas ont décidé d’adopter le Nutri-Score à partir du 1 janvier 2024. Les règles en matière de période transitoire sont également d’application pour les Pays-Bas. Vous trouverez plus d’informations ici.
Grand-duché du Luxembourg
Tout comme en France, un règlement doit être publié pour acter la mise en place du nouveau Nutri-Score. La période de publication de ce règlement n’est pas connue.
Suisse / Allemagne
La Suisse et l’Allemagne ont un système similaire à la Belgique. La modification de la méthode de calcul du Nutri-Score ne demande pas une modification de la législation.
L’information a disposition des entreprises se trouve pour la Suisse ici et pour l’Allemagne ici.
Espagne
Aucune législation nationale ne cadre le système du Nutri-Score en Espagne mais il est fortement recommandé par le ministère espagnol. Les informations sont disponibles ici.