La taxe obésité, recette d’une catastrophe annoncée

08.08.2017

Une “taxe obésité” qui n’apporte rien à la santé, mais qui en revanche entraîne des pertes d’emplois n’est pas la solution. FEVIA appelle à renforcer les initiatives existantes dans la lutte contre l’obésité.

FEVIA rejoint le souhait du Gezinsbond de voir le gouvernement mettre en place une politique cohérente où la santé serait au cœur des priorités. FEVIA partage en outre leur critique à l’encontre de la hausse récente de la « taxe santé ». En appelant à l’instauration d’une taxe obésité pour répondre au problème complexe de l’obésité, le Gezinsbond risque néanmoins de passer à côté de son objectif, d’encourager les achats transfrontaliers et de mettre en péril l’emploi dans notre pays. FEVIA appelle donc à soutenir tous ensemble les initiatives existantes telles que la Convention Alimentation Equilibrée, le Belgian Pledge et la promotion d’une approche équilibrée et variée de l’offre de boissons et d’en-cas dans les écoles flamandes.

Les initiatives existantes aident le consommateur à faire les bons choix pour sa santé

L’enquête du Gezinsbond part d’une question noble et fondée : comment aider les consommateurs à adopter des habitudes alimentaires et un style de vie plus sains ? Force est de constater que les nombreuses bonnes intentions ne se traduisent pas toujours par un mode de vie équilibré. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. FEVIA reconnaît également que remédier à un problème complexe comme l’obésité nécessite des efforts conjoints, également de l’industrie alimentaire.

En collaboration avec des partenaires, l’industrie alimentaire mise sur des initiatives permettant au consommateur de faire en toute facilité les bons choix pour sa santé, y compris les enfants :

  1. Via la Convention Alimentation Equilibrée que FEVIA et Comeos ont conclue en juin 2016 avec la ministre de la Santé publique Maggie De Block. Cela illustre que le secteur travaille main dans la main avec les autorités pour réduire l’apport en calories.
  2. Via le Belgian Pledge, récemment renforcé et élargi, les entreprises s’engagent à ne pas faire de publicité envers les enfants de moins de 12 ans (pour plus d’informations : www.belgianpledge.be)
  3. Via l’engagement pour une approche équilibrée et variée de l’offre de boissons et de snacks dans les écoles flamandes. Le secteur a signé cet engagement avec la ministre flamande de l’Enseignement Hilde Crevits et le ministre flamand du Bien-tre Jo Vandeurzen. L’objectif est d’aider les enfants à se concocter plus facilement une alimentation saine à l’école.

Les initiatives ne manquent pas et sont de plus en plus souvent le fruit de collaborations. Les entreprises alimentaires s’engagent entre autres à reformuler leurs produits et investissent pour ce faire dans la recherche. Ces efforts demandent du temps et pourront uniquement aboutir à des résultats en termes de santé publique si le consommateur s’engage également à faire des choix sains. C’est un défi pour notre enseignement et les autorités. La convention sel, bel exemple d’une collaboration réussie entre les autorités et l’industrie, a permis de réduire la consommation de sel de 10% en quelques années. FEVIA est convaincue que ce modèle peut également faire ses preuves pour prendre à bras le corps le problème plus large et combien plus complexe du surpoids et de l’obésité.

Les taxes n’améliorent pas la santé et entraînent des pertes d’emplois

FEVIA partage également l’analyse du Gezinsbond selon laquelle la « taxe santé » sur les boissons non alcoolisées, instaurée l’an passé et revue à la hausse récemment, est une mesure purement fiscale qui ne contribuera pas à améliorer la santé de la population. La taxe a pour effet d’attirer un nombre croissant de Belges dans les pays voisins pour y acheter leurs produits alimentaires et boissons. Suite à l’introduction de la taxe santé en 2016, les achats transfrontaliers de boissons non alcoolisées ont ainsi augmenté de 12%. C’est principalement la France qui profite des prix plus élevés dans notre pays en raison de l’accumulation de taxes et cotisations sur les aliments et boissons. Une étude réalisée l’an dernier par GfK a montré que les prix élevés dans notre pays entraînent chaque année une augmentation des achats transfrontaliers pouvant se chiffrer à 150 millions d’euros.

Les taxes frappent également de plein fouet l’emploi, un grand nombre d’emplois. Cette situation s’explique d’abord par l’impact direct des achats transfrontaliers sur le secteur, mais cela ne s’arrête pas là. En Belgique, les salaires sont liés à l’index. L’instauration de taxes supplémentaires conduit à une augmentation des prix et par conséquent des salaires, ce qui entrave la compétitivité de l’économie belge dans son ensemble. Le Bureau Fédéral du Plan a calculé dans une récente étude qu’une augmentation des taxes de seulement 1 point de pourcentage sur l’ensemble de l’alimentation et des boissons entraîne une perte de quelque 2.800 emplois…

La taxe obésité que défend le Gezinsbond ne ferait qu’amplifier le problème et n’encouragerait en outre pas les Belges à adopter des habitudes alimentaires et un mode de vie plus sains. Au contraire, les consommateurs se tourneraient plutôt vers les variantes moins chères des mêmes produits. De nombreuses études sont venues confirmer cet effet dit de « substitution » et d’autres exemples à l’étranger, notamment au Danemark et encore récemment au Mexique, montrent que de telles taxes sont vouées à l’échec.

Faire des choix éclairés

FEVIA plaide pour une approche « health-in-all policies » impliquant les différentes autorités de notre pays dans la lutte contre l’obésité, en concertation avec des partenaires tels que l’industrie alimentaire. Cette approche doit également aider le consommateur à faire les bons choix pour sa santé en toute connaissance de cause. Le Gezinsbond attire l’attention sur le fait que les consommateurs, confrontés à une surabondance d’informations - souvent contradictoires -  sur l’alimentation, éprouvent des difficultés à faire les bons choix. Pour FEVIA également, le débat autour d’une communication transparente et la plus efficace possible envers le consommateur, reste une priorité. En Belgique, FEVIA participe activement à la réflexion actuelle initiée par les autorités afin d’encore mieux informer le consommateur sur la composition nutritionnelle des produits.

FEVIA est en faveur d’un système prenant pour point de départ des informations factuelles et objectives, comme c’est actuellement le cas avec la mention des apports de référence par portion (ou "Reference Intakes" / RI) sur les emballages de produits alimentaires. Grâce au règlement européen « Food Information to Consumers » introduit en 2014, les consommateurs peuvent aujourd’hui, mieux que jamais, comparer les produits alimentaires. Contrairement au Gezinsbond, FEVIA n’est pas en faveur de systèmes interprétatifs comme les codes de couleurs. Nous pensons que ces codes stigmatisent certains produits et risquent de semer la confusion chez les consommateurs. Ils donnent en effet la fausse impression qu’un produit déterminé est bon ou mauvais pour la santé. Seul l’ensemble des habitudes de consommation déterminent si un individu a une alimentation et un mode de vie sains ou non.

FEVIA attend avec intérêt les nouvelles évolutions dans l’utilisation, par exemple, d’applications pour smartphones destinées à aider les consommateurs à faire des choix appropriés, en fonction de leur style de vie, et à mieux comprendre la composition des produits alimentaires. Dans cette optique, nous sommes prêts à mener un débat ouvert et constructif.