Allez-vous relancer notre économie ? 3 conseils de notre économiste

06.05.2021

La crise du coronavirus frappe durement notre économie. Les récents chiffres économiques de l'industrie alimentaire montrent que notre secteur a lui aussi pris des coups. Mais chez Fevia, nous ne restons pas les bras croisés ! Notre économiste Carole Dembour s'est plongée dans les chiffres et propose trois choses que chacun peut faire pour relancer à nouveau la courbe économique. 

Découvrez ici les chiffres économiques de l’industrie alimentaire belge

Profitez d’une terrasse en toute sécurité

Enfin ! Samedi prochain, nous pourrons à nouveau profiter d'une terrasse. Avec la fermeture de l'horeca l'année dernière, un important canal de vente pour l'industrie alimentaire a disparu. Les Belges ont dépensé 40 % de moins dans les cafés et restaurants. La grande distribution à quant à elle tourné à plein régime, mais seul un quart des ventes de l’industrie alimentaire est réalisé dans la grande distribution. 

Bien que les Belges aient acheté 4 % de plus dans les supermarchés, cela n'a pas du tout compensé les pertes par ailleurs. Au total, les consommateurs belges ont dépensé 7,3 % de moins en produits alimentaires et en boissons l'année dernière. Les exportations, qui constituent depuis des années le moteur de la croissance de l'industrie alimentaire, et qui représentent la moitié de notre chiffre d'affaires, ont également diminué d'un demi-milliard d'euros.

Pourtant, on peut faire les choses différemment. Par exemple, en Suède, le secteur de l’horeca est resté ouvert plus longtemps et nos exportations y ont augmenté de 9,6 %. Celles vers le Luxembourg, qui a rouvert les restaurants et cafés un peu plus tôt lors de la première vague et les a fermés plus tard lors de la seconde, ont connu une croissance de 7,4 %. Mais ce sont des exceptions, malheureusement. Par exemple, l'Italie, notre quatrième marché d'exportation avec 900 millions d'euros, a connu une baisse de 11,6 %.

La demande de produits alimentaires et de boissons a donc subi un sérieux choc l'année dernière. Au cours des trois derniers trimestres de 2020, nous avons vu les ventes de l'industrie alimentaire diminuer de 1,8 milliard d'euros par rapport à la même période de l'année précédente. La réouverture des terrasses est donc la bienvenue. Dès samedi, profitons donc tous de délicieuses nourriture et boissons, en toute sécurité. Pour le moment en terrasse et, espérons-le, bientôt aussi à l'intérieur et lors d'événements.

Dites oui au vaccin !

Le chiffre d’affaires est une chose, mais qu’en est-il des coûts de production ? L'absentéisme des travailleurs a triplé aux deuxième et troisième trimestre de 2020 par rapport à la « normale ». Or ceci entraine, à côté de problèmes d’organisation du travail, des coûts supplémentaires importants pour les entreprises. Pensez notamment au coût du salaire garanti en cas de maladie. A ceux-ci s’ajoutent les investissements nécessaires dans les mesures de protection de nos Food Heroes.

Le montant exact de ces coûts directs et indirects est impossible à calculer à ce jour. Il est cependant évident qu’ils auront un impact sur la rentabilité des entreprises en 2020, alors que celle-ci est mise sous pression depuis plusieurs années. Entre 2017 et 2019, la marge opérationnelle nette de nos entreprises est ainsi passée sous le niveau moyen des 20 dernières années. 

En 2020, l’industrie alimentaire est restée, avec 1,7 milliards d’euros d’investissements et plus de 95.000 emplois, le maillon fort de l’industrie manufacturière belge. Pour pouvoir continuer à jouer ce rôle à l'avenir, nos entreprises ont besoin d'une marge suffisante. Pour cela, il faut vacciner tout le monde le plus rapidement possible et mettre en place une bonne stratégie de testing. Alors disons tous oui à la vaccination !

Continuez à faire vos achats dans notre pays

La fermeture des frontières en raison de la crise du coronavirus a également eu des conséquences moins évidentes... Ainsi, les Belges ont également été temporairement moins en mesure de faire des achats au Luxembourg ou en France par exemple. Et cela a eu des conséquences sur les recettes des droits d'accises sur les boissons.

En 2020, le gouvernement belge a gagné près de 950 millions d'euros sur la vente de boissons. C'est beaucoup, mais par rapport à 2019, c'est une diminution de 43 millions. En particulier, les recettes d’accises sur les bières ont connu une forte diminution de 16 %, nettement supérieure à celle observée sur les autres boissons. La raison vient du fait que les bières sont relativement plus vendues via le secteur de l’horeca (environ 40 % contre 20 % pour les autres boissons).

Dans un même temps, les recettes d’accises sur les alcools sont en hausse de 10 millions d’euros. Comment expliquer cette augmentation alors que l'horeca est resté fermé pendant des mois et que les recettes étaient stables depuis 2016 ? L'explication est que nous avons fait moins d'achats dans les pays voisins. D’après GFK, les achats transfrontaliers ont pratiquement cessé pendant le premier confinement, ils ont baissé de 28 % au total. Mais ça, c'était avant. Entre-temps, les frontières sont à nouveau ouvertes et les achats transfrontaliers ont également retrouvé leur niveau élevé.

La raison est claire. Tant les boissons rafraîchissantes que les alcools sont des produits d’appel car nettement moins chers de l’autre côté de la frontière, notamment en raison de taxes moins élevées. A ce sujet, il est symptomatique de constater que quasi 100 % de l’inflation des prix de ces boissons entre 2015 et 2020 provient des augmentations de taxes indirectes. Supprimons donc ces taxes, afin que nous puissions tous continuer à faire nos achats dans notre propre pays, même après la période du coronavirus.