Fevia, la fédération des entreprises alimentaires belges, tire la sonnette d’alarme : la production a chuté plus fortement que pendant la crise du Covid, et la rentabilité atteint un niveau historiquement bas. « Il y a urgence », déclare Nathalie Guillaume, nouvelle présidente de Fevia, « nos entreprises doivent impérativement regagner en compétitivité afin d’accélérer leur transition en matière de durabilité et continuer à assurer leur rôle fondamental de nourrir nos concitoyens. »
Une marge historiquement basse et un triple handicap
Nous avons tendance à la considérer comme acquise, mais l’alimentation joue un rôle essentiel dans nos vies. Au-delà du plaisir qu’elle procure et de sa fonction première de nous nourrir, c’est le fil d’or qui rassemble, crée et distribue de la valeur à chaque maillon de la chaîne alimentaire – de la ferme au consommateur – et soutient des milliers d’emplois.
L’industrie alimentaire belge est le pilier central de cette chaîne de valeur. Nos entreprises produisent notre alimentation quotidienne, créent des emplois et investissent, tout en plaçant au cœur de leurs préoccupations les intérêts des consommateurs et de la planète. Malgré leur exceptionnelle résilience face aux chocs des dernières années, elles se retrouvent aujourd’hui au pied du mur.
Par rapport à 2019, la marge opérationnelle a chuté d’un tiers, atteignant un niveau historiquement bas de seulement 2,32 %. Une enquête menée auprès de plus de 20 sous-fédérations révèle que 40 % d’entre elles s’attendent à une poursuite de la baisse de leur rentabilité. « Sans amélioration, il ne sera plus possible d’investir et certaines entreprises risquent de disparaître », alerte Nathalie Guillaume. « Cela aura des répercussions sur toute la chaîne alimentaire. » Et la volatilité des prix des matières premières, repartis à la hausse cette année, met une pression supplémentaire sur la rentabilité.
Le secteur, qui emploie plus de 100.000 personnes, fait face à un triple handicap : des coûts salariaux supérieurs de 25 % à ceux des pays voisins, des factures d’électricité plus élevées et une pression fiscale plus forte (par exemple, un handicap fiscal de 126 % sur les boissons non alcoolisées). Et les coûts vont continuer à grimper avec l’indexation salariale de 3,57% en janvier 2025 et la hausse des tarifs de distribution d’énergie de 77% dans les prochaines années.
L’industrie alimentaire belge perd déjà des parts de marché, tant au niveau national qu’international. « Nos entreprises doivent courir un marathon avec un boulet au pied », déplore Nathalie Guillaume. Des mesures politiques doivent être prises impérativement afin de renforcer la compétitivité du secteur et de lui permettre de bâtir un avenir durable.
Continuer à investir grâce à un cadre réglementaire stable et cohérent
Les entreprises alimentaires belges s’engagent avec sérieux à relever les défis liés à la santé de la planète et des citoyens. Elles le démontrent au quotidien à travers de nombreuses initiatives concrètes reprises dans la Roadmap de Développement durable de l’industrie alimentaire. Cependant, elles doivent faire face, en plus des difficultés précédemment citées, à une avalanche de réglementations et d'initiatives en matière de durabilité, avec des méthodologies complexes et des obligations propres. Souvent, les partenaires commerciaux imposent encore des exigences supplémentaires.
Alors que nos entreprises souhaitent continuer à investir dans l’innovation, la durabilité et l’efficacité, un cadre réglementaire trop flou ou trop restrictif oblige certains acteurs à suspendre temporairement leurs projets d’investissement. Pour beaucoup d’entreprises, en particulier les nombreuses PME de notre secteur, cela devient un problème majeur et la limite est atteinte. Fevia appelle à plus de clarté, de stabilité, de cohérence et de concertation pour éviter de ralentir davantage les initiatives stratégiques.
Travailler ensemble à une chaîne alimentaire forte et viser l’or
Fevia souligne que les défis de l’industrie alimentaire ne concernent pas uniquement les entreprises mais l’ensemble de la chaîne alimentaire. Le retail et les consommateurs ont également un rôle à jouer. « Les produits alimentaires et boissons belges méritent davantage de reconnaissance », insiste la présidente. De plus, des relations commerciales équitables doivent prévaloir pour tous, petites et grandes entreprises. « Ensemble, nous pouvons créer une dynamique positive et permettre à nos produits de briller plus fort, tant sur le marché national qu’à l’international. »
À propos de l’analyse sectorielle
En novembre, Fevia a sondé plus de 20 sous-fédérations pour évaluer leur situation économique et leurs perspectives en termes de production, d’emploi, d’investissement et de rentabilité. Voici quelques points marquants :
- La volatilité des prix des matières premières – tels que les prix record du cacao et les fluctuations des prix du sucre – impacte fortement l’activité économique.
- Le changement climatique et les réglementations font peser des craintes sur l’approvisionnement.
- La pression sur les prix exercée par la grande distribution comprime de plus en plus les marges.
- Du côté de la demande, les volumes de vente sont en diminution depuis de longs mois.
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