La liste des produits alimentaires rappelés des rayons des magasins en raison de la présence possible de l’oxyde d'éthylène, un produit phytopharmaceutique interdit, continue de s’allonger. Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire, souligne que ces rappels montrent que notre système de contrôle fonctionne. « Plutôt qu’une source d’inquiétude, ces rappels sont la confirmation que l’Europe possède les normes les plus élevées au monde en matière de sécurité alimentaire », déclare Bart Buysse, CEO de Fevia. « Mais nous nous interrogeons sur la nécessité de rappeler également des produits finis sans traces détectables d’oxyde d’éthylène, surtout lorsque cela entraîne des pertes alimentaires et que l’impact économique pour les entreprises alimentaires risque de se chiffrer en millions. »
Un système de contrôle belge unique
Les entreprises alimentaires belges effectuent systématiquement des contrôles stricts pour garantir que ce qui se retrouve dans votre assiette est sans danger. En outre, contrôler systématiquement les centaines de substances que l’Europe n’autorise pas est une tâche irréalisable d’un point de vue pratique et financier. L’oxyde d’éthylène est un de ces produits qui est interdit en Europe mais autorisé dans d’autres parties du monde, comme l’Inde ou les États-Unis. Il serait cancérigène si des quantités importantes sont ingérées sur une longue période. L’Europe a donc agi rapidement en 2020 lorsque des contrôles ont montré que des graines de sésame provenant d’Inde contenaient de l’oxyde d’éthylène.
Aujourd’hui, l’Europe contrôle donc systématiquement la moitié des aliments en provenance d’Inde. C’est précisément en raison de ces contrôles accrus que des traces d’oxyde d’éthylène ont été mises en évidence dans d’autres ingrédients, tels que le curcuma, le gingembre et la gomme de caroube, mais le plus souvent à des concentrations très faibles. Comme les graines de sésame, ce sont des ingrédients présents dans de nombreux produits alimentaires, que les entreprises alimentaires doivent maintenant rappeler un par un. Tant l’AFSCA que divers toxicologues ont entre-temps confirmé que la santé publique n’est pas menacée en raison des niveaux extrêmement faibles d’oxyde d’éthylène.
Des millions d’euros de coûts et des pertes alimentaires
Il est aujourd’hui impossible d’estimer le coût exact de ces rappels, mais une enquête auprès des membres de Fevia montre que l’impact se chiffrera en millions d’euros. « Les entreprises alimentaires doivent indemniser les clients et les consommateurs, détruire les produits de la manière la plus durable possible et relancer la production avec une perte d’efficacité et avec d’autres matières premières. Dans certains cas, l’assurance couvre ces coûts ou les entreprises peuvent les répercuter sur les fournisseurs, mais même dans ce cas, l’impact reste important. En outre, chaque rappel implique également des pertes alimentaires », déclare Bart Buysse.
Les nombreux rappels sont le résultat d’une approche européenne très stricte. Dès que l’oxyde d’éthylène est détectable dans un ingrédient, les entreprises alimentaires doivent retirer un produit des rayons, même s’il n’y a pas de traces détectables d’oxyde d’éthylène dans le produit fini. « La sécurité alimentaire est toujours notre plus grande priorité, mais aujourd’hui nos entreprises doivent rappeler des produits pour lesquels aucune trace d’oxyde d’éthylène n’est détectable dans le produit fini. Dans ce cas, il n’y a clairement aucun danger pour la santé publique. Une telle approche est-elle encore justifiable, compte tenu des pertes alimentaires et des coûts énormes qu’elle implique ? Nous appelons donc à une révision de l’approche européenne à l’issue de cet incident, dans les meilleurs délais, espérons-le.