La Belgique se prive de 4 455 emplois et de 350 millions d'euros de valeur ajoutée à cause des achats transfrontaliers

31.07.2024

769 millions d'euros d'achats frontaliers en France, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Allemagne. Mais qu’en serait-il si ce montant était plutôt dépensé dans notre pays ? Plus de recettes pour l'État, un pouvoir d'achat accru pour les Belges et plus d'emplois et d’activités pour les entreprises et les travailleurs. Il ne reste plus qu’à le faire, et c’est possible ! 

Pour l’Etat, nous avions déjà calculé que cela aurait permis d’engranger 138 millions d’euros de recettes supplémentaires en TVA, accises et cotisation emballage (update sur base des chiffres GfK mai 2024). Déjà une sacrée manne. Mais cela ne s’arrête pas là. Avec l’aide des experts du Bureau Fédéral du Plan (BFP)*, nous avons fait une analyse d’impact notamment en matière d’emploi.

Un tiers du montant des achats transfrontaliers adressé directement à l’industrie alimentaire belge

Pour se lancer dans l’analyse d’impact, il faut tout d’abord enlever la TVA perçue par nos pays voisins, soit 57 millions d’euros. Ensuite, il faut répartir ce montant HTVA de 712 millions d’euros entre les « bénéficiaires directs » :

  1. L’Etat : les taxes sur les produits (moins les subsides) à payer (reçus) par les producteurs mais qu’ils répercutent sur le consommateur représentent 35 millions d’euros. 
  2. Le commerce : selon les calculs du BFP, les marges commerciales sont de 59 mio€ pour le commerce de gros et de 214 mio€ pour le commerce de détail. 
  3. L’industrie alimentaire et l’agriculture : le BFP estime la demande adressée à l’agriculture et à l’industrie alimentaire belges à 232 mio€ et la demande de produits importés à 172 mio€.

4.455 jobs supplémentaires

Le BFP estime que, globalement, cette hausse de la demande d’aliments et boissons produits en Belgique nécessitera 7.517.000 heures de travail supplémentaires dans l’économie belge. Ce chiffre astronomique correspond grosso modo à 4.455 équivalents temps-plein. En comptant qu’un chômeur remis à l’emploi génère un gain de 26.500€ par an pour les finances publiques en allocations de chômage non versées et en impôt sur le revenu et cotisations sociales, l’Etat gagnerait 118 millions d’euros par an.

Près de 350 millions de valeur ajoutée supplémentaire 

Globalement, 348 millions de valeur ajoutée supplémentaire serait générée dans l’économie belge, un tiers via l’industrie alimentaire et deux tiers via le commerce. Celle-ci servira principalement à rémunérer les travailleurs supplémentaires ainsi qu’à financer les investissements nécessaires. 
Malheureusement, les marges dans la chaine agro-alimentaire belge étant extrêmement faibles, il est probable que le gain pour l’Etat en matière d’impôt des sociétés soit relativement limité.

Utopique ? Non, l’Etat a les moyens de diminuer les taxes

Il est bien sûr utopique d’éradiquer totalement les achats transfrontaliers. Il est cependant possible de les réduire au « strict minimum ». La qualité et le caractère durable et innovant de nos produits alimentaires sont incontestables. Mais le prix est et reste un élément important et, à cet égard, la fiscalité, à côté des coûts salariaux et énergétiques, joue un rôle particulièrement important.

On le constate au niveau des boissons (alcoolisées ou non), fortement taxées chez nous et qui constituent clairement des produits d’appel pour les achats transfrontaliers : plus de 5% des dépenses de boissons des Belges est réalisé de l’autre côté de nos frontières. 

Selon les estimations ci-dessus, l’Etat aurait, par exemple, largement les moyens de supprimer les accises sur les boissons rafraichissantes dont les recettes se montaient à 180 millions d’euros en 2023. Cela permettrait de réduire le prix d’une bouteille d’1,5 litres de près de 20 centimes. Autre option, éventuellement complémentaire : une baisse significative de la cotisation emballage (recettes de 340 millions d’euros en 2023) qui touche un plus grand nombre de produits. 

En résumé, baisser les taxes est un win-win pour tout le monde : davantage de revenus pour l’État, plus de pouvoir d’achat pour nos compatriotes et plus d’emplois et d’activités pour les entreprises et les travailleurs.

*Disclaimer : les calculs d’impact ont été réalisés par le Bureau Fédéral du Plan sur base des données GfK fournies par Fevia. Les hypothèses et autres calculs restent à charge de Fevia.