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- À table avec Jean Eylenbosch : 5 leçons précieuses pour l'industrie alimentaire
L'industrie alimentaire traverse une période difficile. Nous avons rencontré Jean Eylenbosch qui profite d'une retraite bien méritée, après 25 ans de carrière dans le secteur le plus savoureux. Ce fils de brasseur a rejoint Coca-Cola Europacific Partners en 1999 et a présidé, au fil des ans, de nombreux conseils d'administration au sein de l’industrie des aliments et des boissons. Ainsi, il a été président de Fevia de 2016 à 2018. Où en sommes-nous aujourd'hui et que nous réserve l'avenir ? Nous avons tiré cinq précieuses leçons de cet entretien.
La notoriété ouvre des portes
« Avant, personne ne connaissait Fevia. Même les responsables politiques la confondaient avec la fédération de l’automobile (Febiac). Bernard Deryckere et moi-même avons alors décidé d’y remédier. Et c’est peut-être là l'évolution la plus importante depuis la création de Fevia en 1937 : celle d'une petite équipe de football amateur qui joue aujourd’hui en Champions League.
Je me suis attelé à la tâche pour lui donner une nouvelle image. Je pense que nous pouvons être fiers du contenu que recouvre le nom Fevia. Il fallait simplement que ce soit plus parlant. Nous avons donc ajouté des petites bouches à notre logo, une référence à notre rôle de porte-parole du secteur, mais aussi à tout ce qu'il représente. La création de la marque food.be, qui a soufflé ses 10 bougies en 2023, a elle aussi contribué à sa notoriété.
Au fil des ans, cela a commencé à porter ses fruits et nous avons gagné en reconnaissance, par exemple en étant invités, comme fédération, au Forum économique mondial de Davos. Nous avons non seulement amélioré nos contacts avec la maison royale et les hommes politiques, mais également avec la presse. Aujourd'hui, Fevia est presque continuellement présente dans les médias, ce qui n'était pas le cas à l'époque. Nous venons de très loin. Grâce à notre professionnalisation, nous avons plus de notoriété, de contacts et d’influence.
Un premier grand pas a été franchi en nous faisant connaître de ceux qui détiennent le pouvoir. Mais il reste encore beaucoup à faire auprès du grand public. C'est paradoxal, car nous sommes l'un des rares secteurs à faire partie de la vie quotidienne des gens. C’est un aspect sur lequel nous devons continuer à travailler. Notre industrie est tellement diversifiée, elle comprend tellement de métiers mais elle est encore trop peu connue. Et qui dit mal connu dit mal aimé. Rien que pour attirer les talents, il est prioritaire de miser sur la notoriété auprès du grand public. »
Ensemble, nous sommes plus forts
« Pour une fédération, les relations sont extrêmement importantes. Il suffit de penser à la coopération avec les autorités. Nous avons pris l'initiative de signer de nombreux pledges avec différents ministres de la Santé publique. Nous voulions démontrer que l'industrie, en tant que telle, assume également ses responsabilités et est un acteur fiable dans la société. Cela s’est particulièrement avéré pendant la crise due au coronavirus, au cours de laquelle nous avons été reconnus comme secteur essentiel. Tous ceux qui y ont contribué peuvent en être fiers.
Il en va de même pour nos membres et nos sous-secteurs : ensemble, nous sommes plus forts. J'encourage encore davantage les échanges de connaissances et l'apprentissage mutuel des best practices. Peut-être venons-nous d'une époque où les entrepreneurs étaient trop isolés à cause de toutes les règles et de l'administration. Heureusement, en tant qu’entrepreneur, on n'est jamais seul. Se tendre la main reste la devise de chacun. »
Nous naviguons selon les vagues qui agitent la société
« Ces 25 dernières années, l'industrie alimentaire a traversé de nombreuses périodes difficiles. Pensons à la crise de la dioxine, aux attentats de Bruxelles, au Brexit et à la crise due au coronavirus. A chaque fois, cela a laissé des traces, tant chez les consommateurs que chez les travailleurs.
Ce qui se passe dans la société a toujours des répercussions sur notre secteur, la crise de l'agriculture par exemple. Nous devons veiller à l'équilibre de la chaîne. Il est normal que tout le monde gagne sa vie. Les agriculteurs aussi, eux qui sont à la source de la chaîne et qui travaillent jour et nuit, par tous les temps. Cela reste un défi, d'autant plus que l'État continue d'introduire des taxes. Et cela est néfaste, aussi bien pour le consommateur que pour la chaîne.
Les produits sont trop chers chez nous ? Le consommateur franchit alors la frontière, tout simplement. La Belgique est un petit pays dans lequel la moitié de la population vit à moins de 50 kilomètres de la frontière. Je le dis toujours : l'industrie alimentaire est le moteur de notre économie parce que nous avons une balance commerciale positive. En d'autres termes, nous exportons plus que nous n'importons, de sorte que nous sommes le principal secteur à alimenter le Trésor public. Cela a toujours été le cas, mais cela ne s’est pas toujours su. Il est donc très important que nous puissions rester compétitifs. »
People matter
« Le plus grand capital d'une entreprise, c'est son personnel. Il s'agit d'un mécanisme de socialisation qui fournit un objectif et un défi aux collaborateurs. Veiller à ce que chacun puisse s'épanouir, gagner sa vie de manière équitable et apporter quelque chose à la société. Et ces dimensions ne feront que se développer. Nous devons travailler chaque jour à accroître notre attractivité.
Nous remplissons un rôle social en créant des emplois. À cette fin, nous attendons des autorités qu’elles prennent des mesures pour maintenir les entreprises en Belgique. Ce faisant, elles nous donnent, par exemple, les moyens de contribuer à l'intégration sociale. Attirer les talents reste un défi et un investissement importants. Nous devons montrer aux jeunes qu'une belle carrière les attend dans l'industrie alimentaire. »
Show, don’t tell
« Il faut « éduquer » les gens. Chacun est submergé d’informations en tous genres. Nous devons nous éloigner de ce qui est écrit pour montrer comment ça se passe dans la réalité. Ouvrons les portes au grand public et faisons rayonner cette fierté. C'est plus tangible, plus parlant et cela laisse une impression durable.
Nous pouvons être fiers de notre qualité. Notre force réside également dans le fait que nous sommes un petit marché, avec beaucoup de cultures différentes, et que cette diversité de cultures permet de tester un grand nombre de nouveaux produits. Cela crée une véritable richesse de denrées que nous mettons sur le marché. Nous sommes beaucoup trop modestes dans tous les domaines, nous gagnerions à être un peu plus chauvins.
L’emballage est crucial : il permet de conserver le produit dans de bonnes conditions, de le rendre reconnaissable et d’informer le consommateur. Il en va de même pour une entreprise. C’est la meilleure publicité qu’on puisse lui faire. Nous pouvons être fiers de ce que nous réalisons et, avec notre marque promotionnelle « Food.be – Small country. Great food », nous pouvons faire rayonner cette fierté. Nous sommes un secteur de haute technologie qui nourrit chaque jour de nombreuses bouches avec des aliments et des boissons de qualité, innovants et durables. Ce message, nous pouvons le mettre encore plus en avant. »