La crise du coronavirus est aussi un catalyseur de la transformation numérique dans l'industrie alimentaire. L'un des aspects où les entreprises alimentaires belges ont encore beaucoup de potentiel est l’e-commerce. La crise du coronavirus est à la fois un signal d'alarme et une occasion de rattraper le retard à cet égard. Selon les mots de Winston Churchill : “Never waste a good crisis”. Fevia Wallonie et Fevia Vlaanderen ont récemment organisé 2 webinaires sur l’e-commerce où différents experts ont partagé à la fois leurs connaissances théoriques et des exemples pratiques inspirants.
Pour nos entreprises alimentaires il existe aujourd’hui beaucoup de potentiel dans la vente en ligne, surtout maintenant que d'autres acteurs spécialisés se profilent à l'horizon. Pensez notamment aux distributeurs de repas qui changent le marché radicalement et deviennent de plus en plus populaires. Il ne fait aucun doute que les entreprises alimentaires doivent accélérer la numérisation dans leur gestion d’entreprise. Mais par où commencer ? Selon Damien Jacob, consultant et professeur en e-commerce, il est préférable de ne franchir le pas vers l’e-commerce qu'après une décision mûrement réfléchie. Ces conseils et d'autres ont été clairement présentés lors de Food Connections, l'événement annuel de Fevia Wallonie et Wagralim. Nous les résumons en 4 étapes pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’e-commerce...
Etape 1 : définissez la stratégie digitale de votre entreprise
Vous devez traduire votre stratégie d’entreprise globale en une stratégie d’e-commerce. Pour ce faire, identifiez votre groupe cible en ligne, la manière dont vous souhaitez l'atteindre et la façon dont vous allez vous distinguer sur le web mondial. Proposition de vente unique, c'est ainsi qu'on l'appelle parfois. Quels sont les objectifs visés ? Rendez-les mesurables et voyez si vous les atteignez grâce aux indicateurs clés de performance (KPI). À ce stade, réfléchissez à la manière dont vous souhaitez proposer vos produits : via votre propre boutique en ligne ou une plateforme externe ?
Etape 2 : connaissez votre public cible
Il existe de nombreux modèles et canevas grâce auxquels vous pouvez identifier votre public cible. Avec un buyer persona vous identifiez un exemple d'utilisateur de votre site web. Un tel modèle va bien au-delà de l'identification du sexe ou de l'âge. Il se concentre sur les aspects humains et les motifs qui déterminent pourquoi quelqu'un agit d'une certaine manière. Que fait cette personne ? Quelles sont ces frustrations, angoisses et besoins ? Quelles sont les personnes qui ont une influence sur son processus de prise de décision ? En adaptant votre stratégie d’e-commerce en conséquence, vous augmentez vos chances de réussite.
Etape 3 : identifiez le parcours numérique que votre public cible doit suivre
Un « customer journey » est le parcours que quelqu’un doit suivre lors de l’achat d’un produit ou service. Avec ce modèle, vous savez comment un client potentiel se déplace numériquement.Vous pouvez donc y répondre. Un customer journey comporte 5 phases : l’orientation, la considération, l’achat, la livraison et la fidélisation.
Etape 4 : créez une boutique en ligne facile d’utilisation
Avec toutes les connaissances acquises sur votre persona buyer et le customer journey, vous pouvez enfin vous mettre au travail pour la construction et la conception de votre boutique en ligne. L'expérience de l'utilisateur et la facilité d’utilisation priment toujours ! Car au plus c’est facile d’utilisation, au plus votre score SEO sera élevé. Cela correspond à Search Engine Optimisation, ou optimisation des moteurs de recherche en français. Plus la structure de votre site web est bonne, plus vous apparaîtrez dans les résultats de Google, par exemple. Voici les 3 choses à prendre en considération à cet égard :
- Prévoyez des textes bien rédigés sur votre site web et intégrez dans vos textes les mots-clés que les clients utilisent le plus. Le contenu est roi !
- Du front-end au back-end : le back-end de votre site web doit aussi être conçu de manière techniquement solide.
- Off-site SEO : plus il y a de liens vers votre site sur d’autres sites web, mieux c’est !
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L’e-commerce est en plein essor au Royaume-Uni et en Chine
Après la théorie, place à la pratique. Lors de l'événement digital Food Export Forum, Fevia Vlaanderen et Green Seed Group ont fait découvrir à nos entreprises alimentaires le monde en une journée. Ils ont reçu des conseils personnels sur les possibilités de marché de la part d'experts en vente et en marketing de Green Seed. Ici aussi, l’e-commerce s'est révélé être en plein essor dans les exportations mondiales. Les orateurs principaux, Jennifer Wang d'Alibaba et Simon Waring de Green Seed Group UK, ont illustré comment la transition numérique s'accélère sur deux marchés cruciaux.
Ocado : le game changer britannique
Le Royaume-Uni est le quatrième marché d'exportation de l'industrie alimentaire belge, avec un chiffre d'affaires de 2 168 millions d'euros. Le Royaume-Uni continuera à être un marché important dans l'ère post-Brexit. Il est temps de se pencher sur la manière dont le distributeur en ligne Ocado a rapidement conquis le marché en à peine 20 ans. Ce qui rend Ocado unique, c’est qu'il n'a pas de magasin physique. En tant que game changer numérique, la société est pleinement engagée dans la vente en ligne, et ce avec succès. En septembre, la valeur marchande d'Ocado s’élevait à pas moins de 21,7 billions de livres sterling.
Grâce à son modèle de « e-commerce only », Ocado a investi dans l'infrastructure, la technologie et la capacité de stockage. Ocado réduit les coûts en utilisant la technologie des robots pour créer des commandes qui sont ensuite acheminées vers leur grand dépôt. Ce grand centre de stockage s’appelle Ocado « Customer Fulfillment Centres » (CFCs).
Ce service rapide porte ses fruits car depuis l'apparition de la crise du coronavirus, sa part de marché a doublé de 15 %. Pour les entreprises alimentaires belges, la plateforme d’Ocado offre des opportunités intéressantes pour continuer à exporter vers le marché britannique dans l'ère post-Brexit.
Alibaba : le gateway vers la Chine
Passons à un autre continent : l’Asie. La Chine est la deuxième principale destination d’exportation d’outre-mer pour le secteur alimentaire belge. Ces cinq dernières années, le secteur a doublé ses exportations vers la Chine, représentant un chiffre d'affaires de 247 milliards d’euros en 2019. La Chine est le plus grand marché en ligne du monde et l'importance de l’e-commerce continue d’y croître rapidement. Le géant en ligne Alibaba est le « Gateway to China ». Aujourd'hui, plus de 100 000 marques, y compris des marques européennes de produits alimentaires et de boissons, ont déjà atteint 654 millions de consommateurs par l'intermédiaire des plateformes Alibaba, dont Tmall, la plus grande plateforme B2C en Chine.
En raison de la crise du coronavirus, les consommateurs chinois demandent plus que jamais des produits sécurisés, qualitatifs et authentiques. De nombreuses entreprises alimentaires ont de grandes ambitions en Chine mais ne savent pas comment gérer ce marché compliqué ni ce qu'il faut faire en premier lieu. « Les entreprises belges peuvent y répondre via Tmall Global, la plate-forme transfrontalière d'Alibaba », explique Jennifer Wang d'Alibaba.
En tant qu'entreprise alimentaire, Tmall Global vous donne le contrôle : vous choisissez ce que vous vendez, à quel prix et par quelle stratégie de marketing. Jennifer Wang conseille de bien travailler sur ce dernier point. Les entreprises chinoises attachent une grande importance au marketing et, par exemple, commencent à collaborer avec des personnes influentes pour le lancement de produits.
En pratique
Chine : un marché intéressant mais certainement pas évident. Lisez ici comment Inex s’est lancée sur le marché chinois avec son lait de croissance Bambix via la plateforme Alibaba.