Opinion : Une part du gâteau belge pour tous

31.01.2018

S’il y a sans aucun doute beaucoup à dire sur les pertes d’emploi annoncées chez Carrefour, l’annonce n’était pas totalement inattendue. Le marché alimentaire belge est sous pression, c’est loin d’être un secret. La digitalisation, l’e-commerce, l’accumulation des taxes et les achats transfrontaliers croissants sont des défis qui ont un impact majeur sur toute la chaine agroalimentaire. Ce n’est donc pas le moment de se rejeter la faute, mais d’allier nos forces pour renforcer le marché : l’industrie, le commerce et les autorités ensemble. 

Baisse du chiffres d’affaires sur le marché belge

L’écosystème belge classique connaît une profonde mutation suite à la digitalisation, l’émergence de l’e-commerce, la disparition de centres de décision importants en Belgique, les achats transfrontaliers croissants et enfin, la pression de la distribution sur ses fournisseurs.

Des chiffres significatifs de Comeos démontrent que le chiffre d’affaires du commerce de détail dans le secteur alimentaire a diminué de 0,7 % en 2016. Ces résultats sont sans surprise pour l’industrie alimentaire belge. Le chiffre d’affaires de l’industrie alimentaire sur le marché belge a lui aussi connu une baisse de pas moins de 1,7 % en 2016. Pour Fevia, il est évident que l’industrie alimentaire et le secteur du commerce sont dans le même bateau. 

Le modèle de croissance classique sous pression

Malgré le fait que l’exportation des produits phares belges se porte fort bien, le protectionnisme, le gastro-nationalisme et le Brexit nous mettent des bâtons dans les roues. Par ailleurs, les taxes, impôts et contributions sur l’alimentation et les boissons ne cessent d’augmenter dans un contexte déjà difficile.

Comme pour le commerce, le modèle de croissance classique de l’industrie alimentaire belge est sous pression. Les marges nettes de l’industrie alimentaire belge ont baissé de 5,3 % à 4,6 % en dix ans. Ces marges, nos entreprises les réalisent avec leurs produits qualitatifs surtout sur les marchés à l’exportation. Nos entreprises sont également sous pression sur le marché belge. Nous le répétons : nous sommes tous concernés !

Créer de la valeur ajoutée

En tant qu’industrie alimentaire belge, nous sommes absolument convaincus par notre modèle belge typique qui compte une large gamme de produits à haute valeur ajoutée pour le consommateur. Nous reflétons quotidiennement notre fierté pour ce modèle par le biais de « Food.be – Small country. Great Food. »

Nous sommes à la fois bien conscients que l’impact des tendances fondamentales comme la digitalisation sont irréversibles. Convaincre les entreprises de créer de la valeur ajoutée sur le marché belge est tout bénéfice pour l’ensemble des maillons de la chaine. Nous devons pour cela au moins respecter ensemble certaines conditions … 

Appliquer des pratiques commerciales équitables 

Nous devons en premier lieu stimuler les pratiques commerciales équitables. Une répartition inégale du pouvoir et des prix volatils engendrent une énorme pression sur la chaine agroalimentaire. Lephénomène n’est pas nouveau, mais la situation devient néanmoins plus tendue de jour en jour pour les entreprises alimentaires belges, dont 95% sont des PME.

Avec la nomination d’un président indépendant au sein de la Concertation de la chaine belge pour assurer la résolution des conflits (commerciaux), nous faisons un pas en avant. Néanmoins, ce n’est pas suffisant. Ces discussions doivent également mener à plus de résultats concrets sur le terrain. 

Travailler de manière plus efficace dans le chaine

Ensuite, réfléchissons ensemble à la façon dont nous pouvons organiser notre marché interne plus efficacement tout au long de la chaine. Il est vrai que les marges nettes sont en baisse dans le commerce. Les marges brutes augmentent quant à elle et selon les comptes nationaux, elles atteignent 60%. Les marges brutes sont toutefois englouties par les coûts salariaux élevés, les taxes, … et une organisation moins efficace. L’industrie alimentaire et le commerce peuvent ici progresser ensemble, par exemple au niveau de la digitalisation, la standardisation et l’innovation. 

Achats transfrontaliers croissants : inacceptable !

Troisième point d’attention : les taxes, impôts et contributions élevées sur l’alimentation et les boissons. Nous visons explicitement nos responsables politiques à cet égard. Ils ont toutes les cartes en main pour mettre un terme aux achats transfrontaliers croissants. En tant qu’industrie alimentaire, nous sommes côte à côte avec le secteur du commerce : les achats transfrontaliers nous touchent et menacent la création d’emplois dans notre pays.

Ces dix dernières années, l’industrie alimentaire belge est devenue le plus grand secteur industriel du pays. Nous avons le devoir envers les 90.000 travailleurs du secteur de maintenir les emplois dans notre pays. Ensemble, agrandissons le gâteau afin d’en garantir une part pour tous.