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- L’accord commercial entre l’UE et l’AU : de la mozzarella pour les Black Angus ?
Mise à jour : L'accord commercial UE-UA ne s'est pas concrétisé à Osaka. La partie australienne a estimé que l'offre européenne remaniée ne tenait pas suffisamment compte des intérêts australiens dans l'accord.
L'UE acceptera-t-elle davantage de bœuf australien pour que les Australiens puissent reconnaître les indications géographiques européennes telles que la mozzarella ? C'est ce qui - simplement dit - déterminera si un accord politique sera conclu lors du sommet du G7 à Osaka ce week-end. Le temps presse avec l’approche des élections européennes. Trois éléments détermineront le résultat : les quotas d'importation, les indications géographiques et les obligations de durabilité.
L'UE est le troisième plus grand partenaire commercial de l'Australie après la Chine et les États-Unis. Presque un tiers des exportations australiennes partent vers la Chine. Vu que le pays continue à exercer une pression économique croissante afin de défendre ses intérêts politiques, l’Australie veut prioriser diversifier ses exportations. Cet été, l'accord commercial avec le Royaume-Uni est entré en vigueur et un accord avec les États-Unis est sur le point d'être conclu. Pourquoi les choses risquent-elles de mal tourner avec l'UE ?
1. L'Australie est un pays agricole
Lors des négociations d’accords commerciaux bilatéraux européens, le chapitre sur les produits agricoles n’est traditionnellement pas considéré comme une priorité, en particulier avec les pays ayant un secteur agricole développé. De cette manière, il existe déjà un consensus sur les autres aspects d'un accord potentiel et si l'une des parties se retire de la table des négociations, beaucoup est perdu.
Actuellement, la balance commerciale dans le domaine agroalimentaire de l’Australie avec l'UE est fortement négative. Par conséquent, les Australiens cherchent à exporter davantage de bœuf, d'agneau et de mouton vers l'Europe, et veulent obtenir un meilleur accès aux marchés pour le sucre, les céréales et le riz et, bien entendu, les vins australiens sont également incontournables.
La proposition que l'UE a mise sur la table cet été n'a pas répondue aux attentes. Le ministre australien du commerce, Don Farrell, a donc quitté Bruxelles sans un accord en poche.
2. L'Australie est un pays de migrants
Étant une colonie pénitentiaire britannique au XVIIIe siècle, l'Australie a rapidement attiré les Européens avec la fièvre de l'or. Au XIXe siècle et pendant la diaspora italienne des années 1940, de nombreux fermiers italiens ont émigré vers « The Land Down Under ». Plus récemment, le pays est également devenu un refuge pour les Italiens fuyant la crise économique de leur pays. Pour la même raison, l'Australie compte aujourd'hui la plus grande communauté d'expatriés grecs au monde.
De nombreux migrants ont la double nationalité. Ils cultivent et y fabriquent des produits agroalimentaires comme ils l'ont appris dans leur pays d'origine, ou sont inspirés par leurs traditions européennes. Ainsi, en Australie, ils fabriquent et vendent, par exemple, de la "mozzarella", de la "parmigiana", de la "feta" et du "prosecco". Cependant, l'Europe protège ces produits en tant qu'indications géographiques et demande qu'elles soient confirmées dans l'accord de libre-échange.
Cela signifie que du vin produit en Australie ne peut plus être appelé du "prosecco". Les producteurs devraient changer de marque et d'étiquette et relancer leurs produits sur le marché sous un autre nom. La Fédération laitière australienne a calculé que le changement de marque coûterait le secteur 95 millions AUD. Outre l'impact économique, il faut également tenir compte de la valeur émotionnelle attachée à ces produits.
D'autre part, le bénéfice économique de l'accord est estimé à 94 milliards de dollars australiens.
3. L'Australie dispose de son propre cadre de développement durable
Finalement, les exigences européennes en matière de développement durable forment un problème épineux pour l'Australie. Le pays défend qu'il dispose de son propre cadre de durabilité et qu'il ne souhaite pas se voir imposer des règles européennes.
Le secteur agricole australien a donc demandé au ministre Farrell de ne pas encore prendre des conclusions et d’attendre si l'accord nuit plus qu'il n’est bénéfique. Ils l’ont fait à l’approche du sommet du G7 sur le commerce international qui se tiendra à Osaka ce week-end. En marge du sommet, l'UE présentera une proposition remaniée.
Le ministre Farrell se dit prêt à se retirer à nouveau de la table des négociations. Et le temps presse : les élections européennes sont prévues en juin 2024 et si l'accord ne parvient pas à être finalisé d'ici là, les négociations seront reportées à la prochaine législature.
La question est donc de savoir à quel point les deux parties sont prêtes à mettre de l’eau dans leur vin. Les Australiens céderont-ils sur les indications géographiques, comme l'ont fait les Canadiens et récemment la Nouvelle-Zélande, si l'Europe cède sur l'accès aux marchés ? Nous le saurons bientôt...
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