Travel foodservice : l’été viendra-t-il sauver une année 2021 mal embarquée?

06.07.2021

Dans notre série Food & Figures, notre économiste Carole Dembour analyse un chiffre clé du secteur alimentaire. Dans cette édition, elle se penche sur les chiffres catastrophiques du secteur du travel foodservice.

Nos enquêtes auprès de nos membres au cours de l’année 2020 ont mis en évidence l’impact globalement négatif de la crise du coronavirus, mais également des fortes disparités dans cet impact selon les entreprises (L’industrie alimentaire belge : durement touchée, mais pas à terre | Fevia). En effet, la crise du coronavirus a impacté les entreprises alimentaires différemment selon leur canal de distribution (Enquête de conjoncture : la crise laissera des traces indélébiles | Fevia). L’un des canaux qui a très fortement souffert est celui du foodservice, et en particulier les points de ventes situés dans des lieux de voyage. Ces 2 300 établissements ont perdu quasi la moitié de leurs ventes en 2020 par rapport à l’année précédente.

On se souvient qu’au printemps 2020, la Belgique avait fermé ses frontières aux touristes. De plus, les mesures sanitaires (dont la quarantaine obligatoire) ont découragé les touristes pendant une grande partie de l'année passée, sans compter les restrictions de voyage imposées par les différents pays. La chute consécutive du tourisme a eu un impact sur le foodservice dans un grand nombre de lieux (hôtels, parcs d’attraction et musées, aéroports et gares, …).

C’est ainsi que les dépenses alimentaires dans le travel foodservice sont passées de quasi 800 millions d’euros en 2019 à seulement 424 millions d’euros en 2020, soit une baisse de 47%. Il est par ailleurs intéressant de noter que les restaurants et cafés « autonomes » ont légèrement moins souffert en 2020, même si ce canal a tout de même connu une baisse significative des ventes de 38%. Cela est sans dû au fait que certains de ces établissements ont pu continuer à fonctionner via les plats à emporter et la livraison à domicile.

Le tableau ci-dessous donne quelques chiffres relatifs à la consommation dans nos deux plus grands aéroports du pays. On peut y lire que le chocolat vendu est passé de 1.103 tonnes en 2019 à 297 tonnes seulement en 2020, soit 0,6 kg par minute (contre 2,1 kg en 2019).

 20192020
Chocolat (kg)1.103.411296.785
Viennoiseries (nombre)1.963.057528.004
Tasses de café (nombre)4.589.8851.234.543
Bière (litres)606.302163.077

Source: extrapolation Fevia sur base des données de Brussels Airport pour 2019

Et l’année 2021 s’annonce encore très difficile pour le travel foodservice. En effet, les premiers mois de l’année ont vu très peu de voyageurs dans les aéroports. Ainsi, l’ensemble des aéroports belges (par ordre d’importance en nombre de passagers : Bruxelles-National, Charleroi, Ostende, Anvers, Liège) n’ont accueilli que 270.000 passagers en moyenne par mois entre janvier et avril 2021 contre plus de 2,5 millions en moyenne par mois sur la même période en 2019, soit près de 10 fois moins. Le même constat peut être fait à partir du nombre de nuitées réservées par des touristes étrangers en Belgique lors des 4 premiers mois de l’année : 582.000 en 2021 contre près de 5,6 millions en 2019.

La question est dès lors de savoir si l’été, période touristique par excellence, pourra rattraper ce début d’année catastrophique pour les entreprises alimentaires (et autres) qui dépendent du tourisme. Et ceci sans conséquence économico-sanitaire négative par la suite.