En mai 2018, Fevia, avec Comeos, Detic, Unizo et Buurtsuper, a pris des engagements clairs pour une politique plus durable en matière d’emballages. Les entreprises alimentaires travaillent quotidiennement dans les coulisses à ces engagements que vous pouvez découvrir sur le site www.emballages2025.be. Mais ceux-ci seraient impossibles à réaliser sans une organisation efficace, ambitieuse et dynamique permettant la collecte, le tri et le recyclage des déchets d'emballages ménagers. Bienvenue chez Fost Plus. Nous sommes allés prendre le pouls auprès de Patrick Laevers, Managing Director de Fost Plus.
Patrick, vous avez développé un plan ambitieux. En quoi consiste-t-il ?
Notre ambition est d’élaborer une économie circulaire dans les cinq ans pour les déchets d’emballages ménagers dans notre pays. Traditionnellement, la Belgique présente de bons résultats en matière de recyclage des déchets d'emballages ménagers. En 2019, Fost Plus a recyclé pas moins de 727 000 tonnes d’emballages, ce qui équivaut à un pourcentage de recyclage de 92,5 %. Cela nous place en tête au niveau européen.
Avec le conseil d’administration, au sein duquel Fevia a également une voix, nous avons fait part de notre ambition de conserver cette place de tête. Pour les emballages en plastique par exemple, nous voulons déjà arriver à un pourcentage de recyclage de 65 % d’ici 2023. En comparaison : nous étions encore à 43 % en 2018. En 2019, nous avons atteint l’étape intermédiaire de 46 %.
Belle ambition, mais comment Fost Plus va-t-elle la réaliser ?
Fost Plus va miser sur trois fronts : augmenter la collecte à la source, augmenter nos taux de recyclage et développer la capacité de tri et de recyclage au niveau local.
Ce plan, que nous avons développé pour notre période de reconnaissance actuelle de 2019 à 2023, n'est pas dépourvu d’obligations. Tous les objectifs sont alignés avec ceux des fédérations sectorielles, dont Fevia.
Et les entreprises, nos membres donc, soutiennent à fond ces ambitions. En 2020 nous travaillons avec un budget total de 223 millions d’euros. C’est une augmentation de près de 24 % par rapport à 2018 et cela reflète clairement l’engagement de nos membres à investir dans l’économie circulaire. Pour 2021 il y aura encore une augmentation de 14 %. Les enjeux sont élevés.
Le nouveau sac bleu est l’un des changements les plus visibles : est-il déjà disponible partout ?
L'introduction du nouveau sac bleu en 2019 a en effet donné une nette accélération à notre plan. A côté des emballages classiques en PMD - bouteilles et flacons en plastique, canettes et conserves en métal et cartons de boissons - les consommateurs belges pourront bientôt mettre tous les emballages en plastique dans le nouveau sac bleu. Tous ces pots de yaourt, pots de beurre, films et sacs font économiser jusqu'à 8 kilos de déchets résiduels par famille. Le nouveau sac bleu a donc vraiment le pouvoir de changer la donne en matière de recyclage.
Actuellement (à la fin août 2020), 5,1 millions d’habitants utilisent le nouveau sac bleu en Belgique. Une fois qu’il sera déployé sur l’ensemble du pays en 2021, nous récolterons près de la moitié d’emballages en plastique en plus qu’auparavant pour le recyclage.
Nous consommons toujours plus souvent à l’extérieur de chez nous : qu’en est-il des déchets d’emballages que nous y produisons ?
Il n’y a en soi aucune raison pour que le tri à l’extérieur ne soit pas aussi simple qu’à la maison. Cependant, encore trop de déchets d'emballage recyclables disparaissent avec les déchets résiduels. Et c’est dommage parce que, de cette façon, les matériaux sont perdus pour l’économie circulaire. C’est pourquoi nous renforçons notre présence à l’extérieur : d’ici 2023, nous voulons doubler les tonnages de déchets d’emballages ménagers collectés à l’extérieur.
Dans un premier temps, l'accent est mis sur le tri dans les entreprises car c'est là que le potentiel est le plus important. Cette approche a déjà eu son effet : en 2019, nous en avons déjà collecté 2 000 tonnes supplémentaires auprès des entreprises. Nous travaillons en outre à des solutions spécifiques pour capter davantage d'emballages à recycler à l’extérieur et sur la route.
C’est ainsi que cet été, nous avons lancé une campagne sur cinq destinations touristiques différentes dans notre pays. Pour toute personne qui y séjourne donc. Le tri y était déjà obligatoire mais, avec une communication et une activation ciblées, nous voulons aussi bien améliorer la qualité qu’augmenter la quantité.
Autrement dit : moins de PMD dans les déchets résiduels et moins de déchets résiduels dans le PMD. Du fait de la crise du coronavirus, un certain nombre de projets sont bien entendu en suspens ou accomplis différemment. Mais à chaque inconvénient son avantage : nous pouvons affiner nos projets pilotes lors d’événements avec moins de personnes.
Et pour ce qui est du recyclage : a-t-il lieu dans notre pays ou bien la rumeur selon laquelle nos déchets d’emballages atterrissent dans des pays lointains est-elle fondée ?
Que ce soit clair : une économie circulaire implique que les matériaux collectés soient effectivement aussi recyclés. Actuellement en tout cas, tous les déchets d’emballages ménagers que nous collectons sont recyclés en Europe. Et la majorité d’entre eux sont même recyclés chez nous ou dans les pays voisins. Il n’est donc pas question de s’en débarrasser en Asie ou en Afrique !
Cela vaut aussi pour les matériaux additionnels du nouveau sac bleu. Ils sont triés en au moins 14 fractions au lieu de 8 auparavant. A cet effet, nous construisons de nouveaux centres de tri au niveau local et travaillons dans les coulisses à des capacités de recyclage supplémentaires dans notre pays.
L’économie circulaire est-elle donc aussi une économie locale ?
Absolument, nous faisons le choix explicite d’investir dans les capacités locales de tri et de recyclage. Cela a ses avantages : on évite l’impact environnemental du transport sur une longue distance, c’est bien plus facile d’exercer un contrôle et on crée des emplois.
En 2019, on a commencé la construction de trois des cinq centres de tri de haute technologie, flambants neufs : ProZero à Evergem, Indaver à Willebroek et Valodec à Mons. Ces trois premiers nouveaux centres de tri représentent, ensemble, un investissement de 300 millions d’euros et 250 nouveaux emplois.
Une belle impulsion pour l'économie locale, dont nous aurons vraiment besoin dans les années à venir. Et ce n’est qu’un début. Avec Valtris à Courcelles aussi, nous avons conclu entre-temps un accord et avec Sitel à Liège, nous sommes dans la dernière phase des négociations.
En bref, nous recyclons dans notre propre pays mais est-ce que nous recyclons aussi localement ?
Les nouveaux centres de tri seront complètement opérationnels en 2021, lorsque le nouveau sac bleu aura été introduit sur l’ensemble du territoire. Concrètement, cela signifie que nous proposons 14 types de matériaux différents séparément pour le recyclage. C’est un must pour l’économie circulaire. Dans les années à venir, nous espérons qu'il y en aura encore beaucoup d'autres.
Grâce à des appels à projets adaptés, nous voulons également développer spécifiquement la capacité de recyclage supplémentaire requise pour les plastiques en Belgique. C’est pourquoi, nous adaptons entre autres les délais à neuf ans pour les contrats de un à trois ans. Cela rend les investissements dans les usines de recyclage sur le sol belge bien plus attractifs.
Dans ces nouvelles usines de recyclage, nous ne remplirons nous-mêmes qu'une partie de la capacité. Cela permettra aussi de traiter en Belgique d’autres flux de plastiques que les flux de plastiques ménagers et offrira la possibilité, à terme, de faire de la Belgique une véritable plaque tournante pour un recyclage de haute technologie et de haute qualité. L'attribution des contrats de recyclage est attendue à la fin de l'année.
Fevia et ses membres se sont engagés, pour la fin de 2025, à ne plus mettre sur le marché que des emballages recyclables. Comment réagit Fost Plus face à ces évolutions ?
Nous ne pouvons que saluer cette évolution. Cela nous aidera certainement à atteindre nos objectifs. Les emballages évoluent continuellement. Il en arrive de nouveaux sur le marché chaque jour. Par conséquent, les technologies de recyclage, les applications et les débouchés pour le recyclage sont par continuellement en mouvement.
Pour répondre rapidement à ces nouvelles tendances, on doit collaborer intensément avec toutes les parties de la chaîne, en ce inclus les entreprises alimentaires. En travaillant beaucoup plus localement, nous pouvons plus facilement lancer de nouveaux projets pilotes et, en procédant par essais et erreurs, arriver à la solution de recyclage optimale pour chaque emballage.
Patrick, tu es à la tête de Fost Plus depuis 2018, comment as-tu vécu ces deux premières années ?
Le temps passe vite. Cela fait déjà presque deux ans et demi maintenant. Toutefois, la volonté de changer le cours des choses pour l'économie circulaire de l'emballage reste aussi grande que dans les premiers mois. Je suis reconnaissant à l’équipe de Fost Plus d’être avec moi, en tant qu’homme/femme, derrière cette ambition de même que pour le soutien explicite de nos membres et fédérations, dont Fevia bien entendu.
Aujourd’hui plus que jamais, nous regardons tous vers l’avenir, à l’horizon 2025, et l’ambition que nous nous sommes fixée de proposer une solution de recyclage pour chaque emballage sur le marché. Ce ne sont donc pas les défis qui manquent.
Le monde des emballages change constamment et ce, de plus en plus vite. C'est à nous, avec tous les partenaires de l'écosystème, de réagir avec flexibilité et de former un front pour faire de l'économie circulaire des déchets d'emballages ménagers une réalité.
Vous trouverez ici plus d’informations sur les résultats de 2019 de Fost Plus