L’industrie alimentaire belge est elle aussi durement touchée par la crise du coronavirus. Nos entreprises alimentaires et leurs équipes restent néanmoins à leur poste afin de s'assurer que nous ayons tous les jours de quoi manger et boire. Fevia, la fédération de l'industrie alimentaire belge, appelle tout le monde à soutenir et à remercier ces "Food Heroes". Avec Bart Buysse, CEO de Fevia, nous jetons un coup d'œil dans les coulisses de l'industrie alimentaire depuis le début de la crise du coronavirus.
Bart, comment as-tu vécu la crise du coronavirus ces dernières semaines ?
En ces temps exceptionnels, il est important que nous restions tous en bonne santé et en sécurité et que nous suivions les mesures décidées par le Conseil national de sécurité. Bien sûr, ce n'est simple pour personne et nous devons nous soutenir pour garder le moral, continuer à faire tourner la production et continuer à travailler autant que possible.
Comment vois-tu la situation au niveau du secteur alimentaire ?
Notre secteur est d’une importance essentielle pour l'approvisionnement alimentaire. Nos entreprises alimentaires doivent donc être en mesure de rester opérationnelles. Pour cela, nous avons besoin de gens. Nous devons les encourager à continuer à travailler. A côté de la santé et de la sécurité, nous devons veiller ensemble à ce que chacun puisse continuer à bien manger et boire. Qui ne pourrait être reconnaissant pour cela ?
Depuis le début de la crise, nous essayons également d'encourager et de soutenir notre équipe Fevia au maximum. Tout le monde est en effet sur le pont pour aider nos entrepreneurs avec des conseils et des actions. À cette fin, nous sommes en contact permanent avec nos entreprises et nos secteurs, avec les partenaires de la chaîne agroalimentaire, le monde politique et les médias.
En tant que mari et père, j’essaie aussi d'apporter encouragement et soutien à la maison bien que ce soit ma femme le grand manager dans ce domaine. Les moments où nous prenons notre repas à table ensemble n'ont jamais été aussi importants, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour toutes les personnes de la chaîne qui veillent chaque jour à ce que nous puissions partager de tels bons moments. Aujourd'hui, nous espérons que chaque citoyen est conscient de l'importance d'une industrie et d'une chaîne alimentaires belges fortes et de notre propre approvisionnement alimentaire. Cela me remplit d'une très grande fierté. Tout comme au sein d’une famille, nous avons tous besoin les uns des autres.
Et comment les entreprises alimentaires vivent-elles la crise actuelle ?
Les entreprises et les employés des entreprises alimentaires ressentent bien entendu également l'impact du virus et les mesures d'urgence renforcées, prises à juste titre par le Conseil national de sécurité pour contrecarrer la propagation du coronavirus.
Plus de soixante pour cent des entreprises compte plus d'absents parmi son personnel et, de ce fait, près de quatre sur dix sont confrontées à des problèmes de production (lire le communiqué de presse). Dans le même temps, nos entreprises sont confrontées à une forte augmentation des dépenses, en raison du coût croissant de l'incapacité de travail et de toutes les dépenses supplémentaires. Ajoutons à cela les défis qu'elles doivent relever pour faire face à la crise du coronavirus, souvent en plus d'une perte de chiffre d'affaires due à la baisse des exportations et à l’arrêt des secteurs de l'horeca et de la restauration.
De quels défis parle-t-on ?
En tant que chaîne alimentaire, nous sommes et allons être confrontés, dans les semaines et les mois à venir, à un défi majeur. Les entreprises alimentaires doivent veiller à ce que la production continue de tourner et que leurs produits continuent d’arriver dans les rayons des magasins. Mais elles dépendent également de nombreux fournisseurs, sous-traitants et prestataires de services, notamment pour les emballages, le nettoyage, les pièces détachées, le transport et la logistique.
En bref, la chaîne ne peut se passer de son personnel et de ses partenaires. Nous devons également pouvoir compter sur suffisamment de matières premières à terme afin de continuer à produire des produits alimentaires. En attendant, nos entreprises alimentaires continuent de travailler 24/7 ! Cela nous permet de continuer à reconstituer les stocks de nourriture et à fournir suffisamment de nourriture et de boissons pendant la crise du coronavirus. C’est rassurant.
Mais la pénurie croissante de personnel et le problème de trouver des travailleurs disponibles et de les faire venir sur place, suscitent actuellement une grande inquiétude auprès de nos entreprises.
Comment le secteur alimentaire survit-il à cette situation de crise ?
L'industrie alimentaire est en grande partie composée de PME. Nombreuses sont celles qui approuvent de grosses difficultés actuellement, et ce malgré le fait que nos entreprises alimentaires soient indispensables dans le contexte actuel. Fevia porte à l’attention du gouvernement les signaux qu’elle reçoit de ses membres, également par le biais de ses 27 secteurs, afin qu'il en tienne compte.
Avec le Boerenbond et la Fédération Wallonne de l'Agriculture, nous avons demandé aux gouvernements fédéral et régionaux de reconnaître le secteur agroalimentaire comme un secteur vital et de prendre des mesures supplémentaires pour assurer la continuité de l'approvisionnement alimentaire (lire le communiqué de presse ici).
Fevia participe au groupe de travail, dirigé par Piet Vanthemsche, qui élabore et ajuste en permanence un plan d'approvisionnement alimentaire. Fevia est également représentée au sein des groupes de travail pareils au niveau régional. Là le lien est établi directement avec le monde politique. De cette manière, nous essayons d’apporter le soutien nécessaire au secteur afin qu’il puisse continuer à tourner et à traverser cette crise le mieux possible.
Quelles mesures le gouvernement a-t-il déjà prises ?
La reconnaissance du secteur agroalimentaire comme un secteur essentiel a été une première étape importante. De nombreuses mesures ont déjà été prises au niveau fédéral et régional pour soutenir nos entrepreneurs et leurs employés : l’accueil des enfants (également pendant les vacances de Pâques), le report du paiement à l’ONSS, du précompte professionnel et de la TVA, le chômage temporaire, une prime de nuisance pour les entreprises et les commerces qui se voient contraints de fermer et la prime de compensation flamande pour les entreprises qui subissent de lourdes pertes de chiffre d'affaires, la clarification concernant la poursuite des promotions en cours ou prévues dans le commerce, le fait de pallier à la pénurie d’équipements de protection individuelle pour les prestataires de soins et pour les travailleurs des entreprises et institutions des secteurs essentiels, y compris le secteur alimentaire, la prolongation du permis de travail pour les migrants économiques en Flandre… .
Et nous attendons encore une série de mesures pour aider nos entreprises à trouver des travailleurs supplémentaires et encourager leurs employés à rester en activité.
Cela fait du bien de voir comment les entreprises de notre secteur prennent également des initiatives pour soutenir les entreprises et les travailleurs du secteur, mais aussi d'autres secteurs essentiels.
Quelles sont actuellement les priorités majeures ?
Une priorité majeure reste de maintenir un nombre suffisant de personnel disponible et motivé. Par ailleurs, il est important que chacun, au sein de la chaîne, prenne ses responsabilités et soit conscient que ce que l'on fait en tant que maillon individuel de la chaîne a des conséquences indéniables sur l’ensemble des autres maillons. Pas de tromperie ni de pratiques commerciales déloyales mais l'exécution correcte des contrats et des accords conclus, le paiement correct des factures - voilà le message. Sinon, on provoque un effet domino, avec d'énormes conséquences économiques. De plus, il s’agit de la meilleure garantie pour chacun de traverser cette crise le mieux possible.
Enfin, la "coordination" est le nom de code : au niveau sectoriel et intersectoriel, mais aussi au niveau de la politique fédérale et régionale. Si nous collaborons bien, nous pouvons limiter l'impact de cette crise autant que possible. Aujourd'hui, l'accent est mis principalement sur la gestion de la crise, mais dans les jours et les semaines à venir, nous allons devoir nous tourner à nouveau vers l'avenir et jeter les bases de la reprise économique car là aussi, nos entreprises, petites et grandes, vont encore être confrontées à une période difficile.
Comment Fevia soutient-elle concrètement les entreprises ?
Fevia entreprend diverses actions pour soutenir ses membres. Elle est disponible pour répondre à de nombreuses questions spécifiques et pratiques par téléphone et par email. Depuis le début de l’épidémie, l’équipe Fevia a déjà reçu des milliers de questions et d’emails. Nous travaillons jour et nuit pour soutenir et encourager nos membres autant que possible afin qu'ils puissent aller de l'avant.
Nous sommes également en contact permanent avec nos 27 secteurs pour échanger des informations, exposer des problèmes et des solutions. Nous mesurons régulièrement l'impact de la crise par le biais d'enquêtes auprès de nos secteurs et de nos membres. Via notre site web www.fevia.be/coronavirus et des mises à jour quotidiennes, nous tenons nos entreprises systématiquement informées des derniers développements de la crise et des mesures relatives à notre secteur.
Nos secteurs et nos membres nous en sont très reconnaissants et nous envoient régulièrement des réactions réconfortantes et encourageantes. Et nous leur en sommes également reconnaissants.
Et qu'en est-il des personnes qui continuent à travailler dans les entreprises alimentaires ?
Les nombreuses personnes qui restent à leur poste méritent notre respect pour les efforts fournis pour s’occuper de notre nourriture et de nos boissons, et ce même dans des circonstances qui sont moins évidentes. Nos entreprises prennent donc également des précautions supplémentaires, entre autres en ce qui concerne la distanciation sociale, pour veiller à ce que cela puisse se faire en toute sécurité. C’est de la plus grande importance. Nous soutenons nos entreprises avec des directives concrètes et leur conseillons de se concerter en interne à ce sujet car cela aussi, c’est très important actuellement.
Et nous allons encore un pas plus loin pour les soutenir. Avec nos 27 secteurs, nous appelons tous les Belges à encourager nos héros de l'alimentation via les réseaux sociaux avec le hashtag #FoodHeroes.
Plus d’infos sur www.foodheroes.be et dans le communiqué de presse ici.
Est-ce que #FoodHeroes a déjà eu l’écho espéré ?
C’est un vrai succès et nous allons encore booster l’initiative ! De nombreux citoyens et entreprises ont entre-temps répondu à l'appel et ont massivement partagé des photos et des vidéos sur les réseaux sociaux. Pas moins de 17 ministres ont exprimé leur soutien à nos héros. Nous sommes très reconnaissants pour le soutien qu'ils reçoivent et nous sommes très fiers de notre secteur et de ses nombreux atouts et talents.
Il s’agit donc de continuer à motiver nos Food Heroes afin de veiller à ce que chacun de nous puisse continuer à profiter d’une alimentation et de boissons de qualité et nous demandons donc à chacun de nous y aider. Notre alimentation et nos boissons ne sont pas seulement nécessaires, elles sont aussi un plaisir et un soutien qui sont les bienvenus pour de nombreuses personnes pendant ces journées qui sortent de l’ordinaire.
Soutenez-vous également nos FoodHeroes ? Surfez sur www.foodheroes.be et suivez-nous via @foodheroesbe