Une année marquée par le coronavirus, le dialogue et l’ambition

14.01.2021

Oui, 2020 était une année marquée par la crise du coronavirus, mais 2020 a aussi été l’année d’un dialogue intense pour notre secteur. Dans le tumulte d’une crise sans précédent, Fevia a plus que jamais fait entendre la voix de l’industrie alimentaire belge. Avec Bart Buysse, CEO de Fevia, Nadia Lapage, Secrétaire générale de Fevia Vlaanderen et Anne Reul, Secrétaire générale de Fevia Wallonie-Bruxelles, nous nous repenchons sur les actions qui ont permis à l’industrie alimentaire de recevoir l’écho qu’elle mérite pour aborder 2021 avec ambition.

Bonjour Bart, Nadia et Anne. Racontez-nous : sur quoi l'accent était-il mis en 2020 ?

Bart : « Eh bien... Surtout sur la crise du coronavirus évidemment ! Mais, dans le même temps, de nombreux autres défis étaient à l’ordre du jour, comme le Brexit et les achats transfrontaliers. Nous étions aussi en plein dans la constitution du gouvernement fédéral et nous avons fourni une grande contribution tant au gouvernement en affaires courantes qu'aux négociateurs du futur gouvernement. Une fois l’accord conclu, nous avons pleinement entamé le dialogue avec le nouveau gouvernement. »

Lisez l’analyse de Fevia de l’accord gouvernemental : cliquez ici

Nadia : « Pour Fevia Vlaanderen, je n’ai encore jamais eu autant de contacts avec les ministres, les administrations et les membres de cabinet que pendant la crise du coronavirus ! Toute l’année a été très intense parce que de nouveaux défis se présentaient et que, en tant que secteur, nous avons vraiment pu faire entendre notre voix. »

Anne : « Pour Fevia Wallonie et Bruxelles nous avons également noué beaucoup de contacts politiques afin de sensibiliser les décideurs politiques et de soutenir nos entreprises alimentaires en vue de garantir l’approvisionnement alimentaire pendant la crise. »

Qui étaient vos interlocuteurs pendant la crise ?

Bart : « Nous avons fait entendre notre voix dès le début de la crise, tant auprès des décideurs politiques que dans la presse. Nous étions aussi en contact permanent avec différents acteurs, aussi bien au sein de la chaîne agroalimentaire, qu’à l’extérieur. Pensez par exemple à l’Economic Risk Management Group (ERMG), le centre de crise, la Taskforce “business continuity du secteur agroalimentaire” et de nombreuses administrations publiques dont le SPF Économie et le SPF Santé publique. Par la suite, nous étions aussi en contact avec la Taskforce relative à la stratégie de dépistage et le commissaire corona Pedro Facon. »  

Nadia : « Outre les contacts individuels avec les cabinets du ministre-président et les ministres compétents de l’Économie (Crevits) et de la Santé publique (Beke), nous étions étroitement impliqués au niveau flamand par le biais de la Taskforce flamande corona, ce qui nous a permis de vraiment nous concentrer sur l’alimentation. Nos questions ont donc souvent été traitées. Nous avons parfois dû adapter nos questions en fonction de la situation sur le terrain et le politique était très flexible à cet égard. »

Anne : « Côté Wallonie-Bruxelles, nous étions également en contact permanent avec les cabinets des ministres-présidents, ministre de l’Economie et de la santé. Nous sommes représentés dans le plan de relance post-COVID “Get Up Wallonia !” via l’UWE. Par nos contacts et notre implication active dans différents groupes stratégiques ces derniers mois, la voix de Fevia Wallonie et de Fevia Bruxelles a, jusqu’à présent, aussi été bien entendue. »

Quelles ont été les réalisations les plus importantes ?

Bart : « Depuis le début de la crise, nous avons agi très rapidement, en interne auprès du secteur et des membres grâce à notre site web www.fevia.be/coronavirus, une adresse e-mail distincte, des Q&A et des mises à jour régulières.

En quelques jours, nous avons été reconnus comme un secteur essentiel grâce à nos contacts avec les politiques, les médias et les partenaires de la chaîne. Cette reconnaissance était un point important qui a eu des effets positifs pour nous. Nos entreprises pouvaient ainsi continuer à travailler et, dans certains cas, il y a eu des dérogations en matière de distanciation sociale avec des mesures de protection, une certaine flexibilité, des mesures de soutien dont nous bénéficions, etc. »

Fevia a-t-elle aussi, en tant que secteur essentiel, pris des initiatives d’elle-même ?

Bart : « Nous avons été le premier secteur à conclure un protocole avec les syndicats sur la distanciation sociale pour maintenir nos Food Heroes au travail en toute sécurité. Les lignes directrices sont reprises dans un guide sectoriel. La campagne en ligne #FoodHeroes, lancée peu de temps après, était aussi une belle action qui a suscité beaucoup d’émotion et un grand intérêt. Pas moins de 17 ministres ont pris le train en marche pour encourager nos Food Heroes. L’initiative a ensuite été reprise au niveau européen. »

La collaboration a donc joué un rôle important ?

Bart : « Certainement. Et c’est aussi valable pour l’action par laquelle certaines entreprises de l’industrie alimentaire, telles que les distilleries et les brasseries, ont pu utiliser l'alcool issu de leur processus de production pour produire ou faire produire de grandes quantités de gels pour les mains et autres produits désinfectants (pour lire le communiqué de presse : cliquez ici). Enfin, je retiens également les nombreux contacts que Fevia a établis lors de la réouverture de l’horeca. L’industrie alimentaire est le plus important fournisseur de l’horeca et bon nombre de nos entreprises ont été aussi durement touchées. Fevia a plaidé pour soutenir les fournisseurs dans le cadre du plan de soutien de l’horeca et nous y sommes arrivés ! »

Revoir l’interview de Bart Buysse sur RTL

Qu'a réalisé Fevia Vlaanderen, Nadia ?

Nadia : « La prime de compensation était d’abord uniquement attribuée aux commerces obligés de fermer. Mais certains magasins d’alimentation dans des villes comme Bruxelles ou Gand, tels que les chocolatiers ou les commerces spécialisés dans la charcuterie, devaient rester ouverts alors qu’aucun client ne venait en plein confinement. Nous avons donc fortement plaidé pour aussi leur octroyer la prime. Et nous avons maintenu la pression ! Par la suite, toute entreprise capable de prouver une perte de 60% de son chiffre d’affaires par rapport à la même période en 2019 pouvait recourir aux mesures de soutien.  

Nous avons également eu un impact sur la garde d’enfants. En raison de la fermeture des écoles, certaines entreprises alimentaires ont dû fermer des lignes de production au début de la crise par manque de personnel. Il y avait donc une demande urgente pour l’accueil d'enfant dans notre secteur. En tant que secteur essentiel, le secteur alimentaire a pu, à côté du secteur des soins, également faire appel à la garderie. Enfin, je souhaiterais mentionner notre soutien au Boerenbond avec qui nous avons fortement plaidé pour que le secteur de l’agriculture et alimentaire puisse faire appel à des travailleurs saisonniers étrangers et frontaliers pendant le confinement. »

Et qu’en est-il de Fevia Wallonie, Anne ?

Anne : « Avec le Forem, nous avons mis en place la plateforme stratégique « Urgent 2020 » pour répondre au manque de personnel et dispenser des formations gratuites pour les chômeurs temporaires. Nous avons aussi soutenu le lancement de l’initiative Jobs.easy-agri.com du Collège des producteurs, en collaboration avec le ministre Borsus, pour aider les entreprises manufacturières à trouver des travailleurs saisonniers ou temporaires.

Par ailleurs, nous avons renforcé notre partenariat avec l’Awex. Aujourd’hui, les entreprises alimentaires fortement touchées par la crise peuvent bénéficier de compensations temporaires. Des mesures de soutien supplémentaires sont désormais aussi prévues pour l’internationalisation et l’exportation dans le cadre du plan de relance wallon. »

Les entreprises alimentaires ont-elles désormais plus confiance en l’avenir ?

Bart : « Oui, mais nos entrepreneurs avaient aussi besoin de perspectives. Pour ce faire, Fevia a travaillé sur un plan de relance avec le slogan « ReverseTheCurve » : un plan en trois volets pour soutenir les entreprises alimentaires et, ensemble, à nouveau faire remonter la courbe économique. Au moment de la constitution du gouvernement, nous avons ensuite traduit ce plan en 7 leviers et l’avons remis au gouvernement en affaires courantes, aux négociateurs et aux services d’études et présidents de partis. »

Qu’en est-il ressorti concrètement ?

Bart : « Bon nombre de nos préoccupations et recommandations ont été reprises dans l’accord de gouvernement. Par exemple, l’accent mis sur l’approvisionnement alimentaire dans la révision des plans d’urgence, la reprise économique 2021-2022, une politique d’investissement qui soutient la recherche et l’innovation et un marché de l’emploi dynamique avec une politique de formation visant à préparer les travailleurs à l’avenir. Outre l’accent mis sur le commerce international et les exportations, un marché européen solide et, bien sûr, le Brexit. Tous ces éléments sont très importants pour notre secteur. »

Et qu’en est-il des autres « sujets chauds » en 2020 ?

Bart : « Cette année, nous avons de nouveau abordé la problématique des achats transfrontaliers, cette fois avec Unizo, UCM, Comeos, BABM, Febed et un certain nombre de nos groupements comme les Brasseurs Belges, Vinum & Spiritus, KoffieCafé et la FIEB. Quand les frontières ont fermé, les achats transfrontaliers ont chuté de pas moins de 60%, mais, dès leur réouverture, ils sont revenus à leur niveau d’origine pour de nouveau atteindre une perte d’environ 155 millions d’euros de chiffre d’affaires par trimestre. Il faut que cela change. 

Il y avait aussi notre image internationale et le Brexit bien sûr, important pour un secteur sensible et orienté vers l’exportation comme le nôtre. Quel beau cadeau de Noël que d’aboutir à un accord sur le Brexit. C’est une très bonne nouvelle pour l’industrie alimentaire belge, qui, avec 2,1 milliards d’euros d’exportations vers le Royaume-Uni, est l’un des secteurs les plus touchés. Cependant, nous continuerons à plaider pour le soutien nécessaire, parce que, même avec un accord, il y aura un impact sur nos entreprises. Et une bonne analyse de l’accord est primordiale, parce que « le diable se cache dans les détails. »

Réécoutez l’interview de Bart Buysse sur Radio 1, sur De Markt et RTL 

Le sujet de l’alimentation équilibrée a aussi été mis sur la table. En collaboration avec Comeos et UBA, nous avons lancé le Belgian Pledge 3.0, avec un engagement renouvelé en faveur d'une publicité responsable envers les enfants. Nous sommes très reconnaissants que notre ministre de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, nous considère déjà comme un partenaire dans ce domaine. »

Et qu’en est-il du côté wallon, Anne ?

Anne : « Le gouvernement wallon a lancé l’ ‘Alliance Emploi-Environnement’ pour le secteur alimentaire wallon et la ‘Stratégie économie circulaire’ où l’industrie et un système alimentaire durable constituent l’une des chaînes de valeur prioritaires. Nous y travaillons activement, mais nous avons aussi plaidé pour plus de cohérence et d’efficacité afin d’évoluer ensemble vers un système alimentaire durable. Notre vision a été incluse dans la note de gouvernement. 

Lisez la lettre ouverte de Fevia Wallonie pour un système alimentaire durable 

Par ailleurs, nous participerons aussi activement au Collège wallon de l’Alimentation Durable (CwAD), créé pour accélérer cette transition vers un système agroalimentaire plus durable. »

Quels étaient les autres points forts en Flandre, Nadia ?

« Le ‘Vlaams Industrieforum’ est la réalisation la plus importante pour Fevia Vlaanderen en collaboration avec Essenscia Vlaanderen, Agoria Vlaanderen et Fedustria, qui, ensemble, ont demandé une concertation structurelle avec le gouvernement flamand. Ce forum a entretemps été créé. De cette manière, ensemble, nous pouvons faire entendre notre voix plus fortement et plus rapidement sur les thèmes qui lient les quatre grands secteurs industriels comme le talent, l’internationalisation, l’innovation, la transition écologique et la durabilité.

Par ailleurs, nous avons œuvré pour donner un nouveau contenu à l’initiative « Vlaanderen Circulair ». Il nous est maintenant demandé de diriger les programmes pour les chaînes alimentaires et le cycle de l’eau. Un grand engagement pour Fevia Vlaanderen, mais des dossiers importants pour l’industrie alimentaire flamande. »

Pour terminer, encore un petit mot sur les projets de Fevia pour 2021 ?

Bart : « Nous avons bien clôturé 2020 avec notre apéro event « Cheers ! », où nous avons levé nos verres avec le hashtag #Cheers2FoodHeroes pour, ensemble, aussi sortir de la crise en 2021. Nos entreprises sont fortement touchées par la crise, mais elles ont le potentiel de pousser l’économie vers la reprise. Le gouvernement devra nous soutenir à ce niveau. Je trouve très encourageant que notre Premier ministre a confirmé, lors de notre événement annuel, que l’industrie alimentaire est une pièce du puzzle.

Concentrons-nous maintenant sur une stratégie de dépistage et de vaccination. Nous avons encore des défis à relever pour lesquels nous devons préparer et soutenir nos entrepreneurs. Mais nous nous tournons déjà vers 2021 avec l’ambition nécessaire ! »