La pression sur les producteurs alimentaires pour qu’ils baissent leurs prix est forte et vient de tous côtés. Certains politiques, clients et consommateurs ont cependant la mémoire courte et sélective.
Remettons les choses en contexte. Les entreprises alimentaires n’ont répercuté que très partiellement et avec beaucoup de retard l’augmentation des coûts de production entamée déjà fin 2020 dans les prix de vente à leurs clients (tels que les supermarchés). L’inflation alimentaire est donc restée très faible par rapport à cette augmentation des coûts en 2021 et en 2022. S’il est exact que certaines matières premières alimentaires diminuent aujourd’hui de prix, d’autres ont continué d’augmenter en 2023. C’est également le cas des emballages. Et très peu d’intrants sont revenus à leur niveau pre-crise Ukraine.
Comme l’illustrent les graphiques ci-dessous, la situation vécue par les entreprises alimentaires est historique par son ampleur. Premièrement, l’explosion des prix a touché l’ensemble des coûts de production : matières premières alimentaires, emballages, énergie, salaires et transport. Deuxièmement, la hausse des coûts a atteint des sommets pour certains intrants. A côté de l’énergie, dont le prix a été multiplié par 4 en moyenne en 2022 par rapport à 2021, on peut citer les œufs et le sucre dont le prix a plus que doublé en deux ans. Troisièmement, l’inflation de certaines matières premières perdurent encore aujourd’hui et atteignent des niveaux record. Ainsi, le cours du cacao a enregistré en juin son plus haut niveau depuis près de huit ans. Notons également que le prix de bon nombre d’intrants, bien qu’ils aient diminué, se situent encore toujours à des niveaux nettement plus élevés qu’il y a deux ans. Sans compter que les salaires ont été indexés de près de 11% en janvier 2023.
Ce que les graphiques ne montrent pas, mais qui a été attesté notamment par une étude de la Banque nationale de Belgique (Prix alimentaires : prémisses d’un virage, grâce aux entreprises | Fevia), c’est qu’en 2022, les entreprises alimentaires ont pris une grande part de cette augmentation des coûts de production à leur charge en réduisant drastiquement leurs marges. A titre d’exemple, en 2022, les producteurs de biscuits n’ont en moyenne augmenté leurs prix de vente que de 8%, alors que le prix de la farine augmentait de 75%, celui du beurre de 77% et celui du sucre de 14%. Or, une rentabilité minimum est nécessaire pour être en mesure d’absorber de nouveaux chocs économiques et pour continuer à innover et à investir dans l’avenir.
Conclusion : dans le contexte actuel, il ne faut pas s’attendre à ce que toute diminution de coût soit immédiatement répercutée dans le prix de vente des producteurs alimentaires.