Achats transfrontaliers : merci aux Gouvernements voisins !

01.08.2024

Les achats transfrontaliers sont restés stables sur les six premiers mois de l’année par rapport à la même période de l’année passée. Deux raisons à cela. D’une part, l’inflation relativement faible en Belgique et d’autre part, les mesures prises par les Gouvernements français et néerlandais.

1er trimestre en hausse, 2ième trimestre en baisse

Lors de la première partie de l’année, les Belges ont dépensé 360 millions d’euros en aliments et boissons dans les supermarchés de l’autre côté de nos frontières. C’est moins qu’à la même période 2023 (377 mio€). La plus forte diminution a été enregistrée du côté des boissons alcoolisées (-7,1%). En excluant celles-ci, les achats transfrontaliers sont restés globalement stables (-0,3%).

Ce qui frappe :  la hausse enregistrée au 1er trimestre 2024 par rapport au 1er trimestre 2023 (+3,6%), suivie d’une baisse proportionnellement quasi équivalente au 2ième trimestre (-3,8%). Et cette évolution contrastée vaut dans quasi toutes les catégories de produits.

Seules trois catégories de produits ont connu une hausse des achats transfrontaliers sur la 1ère moitié de l’année 2024 : la catégorie « Reste » dans laquelle on retrouve principalement les poissons et crustacés, les plats préparés ou encore les huiles, les boissons non alcoolisées et la catégorie « Pain et céréales ».

Moins en France, plus aux Pays-Bas

Les achats des Belges en France ont diminué de 3,1% sur les six premiers mois de l’année (-2,6% hors boissons alcoolisées). Avec 230 millions d’euros, la France reste cependant toujours notre principal voisin « concurrent » mais sa part de marché se réduit de 64% à 62%. Au profit des Pays-Bas qui enregistrent une forte progression des achats transfrontaliers : 9,7% (11,7% hors boissons alcoolisées).

En France, seules deux catégories de produits ont enregistré une hausse des achats sur le premier semestre : la catégorie « Reste » (+1,7%) et les boissons non alcoolisées (+1,9%). Celles-ci représentent désormais 18,2% des achats en France (contre 17,3% au 1er semestre 2023) et confortent leur première place. Les plus fortes baisses sont à chercher du côté de la catégorie « Sucre, confiture, miel, chocolat, confiserie, glaces » (-9,5%) et de la catégorie « Pain et céréales » (-8,9%).

Aux Pays-Bas, cette catégorie « Pain et céréales » a par contre enregistré une des plus fortes hausses sur la période janvier-juin (+26,6%), avec la catégorie « Café, thé, cacao » (+29,6%).

En cause : inflation et mesures gouvernementales

Première raison de ces évolutions contrastées : l’inflation alimentaire. Celle-ci a été notablement moins élevée aux Pays-Bas pour un grand nombre de catégories de produits. Par exemple, elle a été de 1,2% pour la catégorie « Pain et céréales » contre 2,0% en Belgique. Idem pour la catégorie « Café, thé, cacao » : -1,8% aux Pays-Bas contre -1,0% chez nous. Pour les fruits et légumes, première catégorie de produits achetée par nos compatriotes aux Pays-Bas, l’inflation a été respectivement de 2,4% et de 2,3% aux Pays-Bas, contre 5,2% et 3,6% en Belgique. Situation inverse en la France : l’inflation alimentaire y a été généralement plus élevée que chez nous.

Deuxième raison : les mesures prises par les Gouvernements voisins. En France, la loi Egalim 3 a étendu la limitation des promotions à 34% en valeur à l’ensemble des produits de grande consommation. L’interdiction des promotions de type 1+1 est donc maintenant d’application non seulement sur les produits alimentaires et boissons, mais également sur les produits ménagers, d’hygiène, etc.

Cela a très certainement rendu le caddy en France moins intéressant pour les Belges. Aux Pays-Bas, les accises sur les boissons non alcoolisées ont considérablement augmenté. Cela explique que les achats transfrontaliers de ces produits ont diminué de 18,9% au 2ième trimestre de cette année par rapport au 2ième trimestre 2023. Et sans doute l’augmentation énorme de 31,5% au 1er trimestre, les Belges faisant des réserves de boissons sur lesquelles la hausse des accises n’était pas encore d’application.

Conclusion : une stabilisation mais grâce aux autres

Comment faire en sorte de passer d’une stabilisation des achats transfrontaliers à une diminution structurelle ? Une possibilité est d’attendre que nos voisins prennent des mesures qui renchérissent le prix leurs aliments et boissons. Pour le moins incertain ! Une autre possibilité est de prendre notre sort entre nos mains et de baisser les taxes, et donc les prix dans nos supermarchés.

Et bonne nouvelle, nos autorités ont les moyens de le faire ! Selon notre analyse d’impact, réalisée avec l’aide des experts du Bureau fédéral du Plan, baisser les taxes est un win-win pour tout le monde : davantage de revenus pour l’État, plus de pouvoir d’achat pour nos compatriotes et plus d’emplois et d’activités pour les entreprises et les travailleurs.