Bruxelles, le 20 juin 2018 – Le rapport annuel économique de l'industrie alimentaire belge dresse un tableau véritablement double : chiffre d'affaires, exportations, investissements et emplois augmentent pour atteindre des records mais la vente de produits belges sur le marché national est de plus en plus sous pression en raison de l'accumulation de taxes, de redevances et de cotisations. Fevia, la fédération de l'industrie alimentaire belge, demande aux autorités de mettre sur le marché du travail plus de jeunes ayant une qualification technique afin de mettre un terme aux achats frontaliers et d'aborder le problème du handicap lié aux coûts salariaux. Face à la menace du gastro-nationalisme, du Brexit et du protectionnisme, le secteur en appelle également à jouer de notre potentiel en termes d'exportation avec la marque « Food.be - Small country. Great food. ».
Le plus gros investisseur industriel grâce à l'exportation
Le chiffre d'affaires de l'industrie alimentaire a augmenté de 5,1% en 2017 pour atteindre 52,6 milliards d'euros. Ce beau résultat est dû à l'exportation, qui a augmenté de 7,5% en 2017 pour atteindre 26,7 milliards d'euros. Ainsi, la balance commerciale parvient à un résultat positif de 4,7 milliards d'euros. A noter plus elles sont lointaines, plus le succès est grand.. En dehors de l'Union européenne, l'exportation augmente en moyenne de 15,5% pour atteindre 4,3 milliards d'euros. Et cerise sur le gâteau : les exportations à destination de notre principal marché éloigné, les Etats-Unis, augmentent même de 16,1%, passant ainsi à 716 millions d'euros.
En conséquence de la hausse de l'exportation, les entreprises belges investissent de plus en plus dans leur propre pays. L'année passée, les investissements ont augmenté de 7,6% pour atteindre un montant record de 1,8 milliard d'euros. Ainsi, l'industrie alimentaire devient le plus gros investisseur industriel de notre pays.
Des emplois, des emplois et encore des emplois pour tous les profils
Ce succès de l'exportation stimule non seulement les investissements mais aussi les emplois en Belgique. En 2017, l'emploi a augmenté de 1,9% pour passer à 90.738 postes, soit 1.695 postes de plus qu'en 2016. De ce fait, l'industrie alimentaire reste le plus gros employeur industriel mais les entreprises du domaine de l'alimentation ont de plus en plus de difficulté à recruter des profils techniques.
Jean Eylenbosch, président de Fevia : « L'industrie alimentaire fournit des emplois, des emplois et encore des emplois et ce, pour tous les profils. Cependant, le manque de personnes ayant une qualification technique sur le marché du travail me préoccupe sérieusement. 67,7 % des postes vacants pour les mécaniciens restent ouverts plus de 90 jours. En outre, certains profils spécifiques à l’industrie alimentaire tels que les boulangers et les bouchers sont de plus en plus difficiles à trouver sur le marché de l’emploi. »
Le protectionnisme gagne du terrain. Le marché belge se fragmente
Tandis que le monde entier s’enthousiasme pour nos produits alimentaires et boissons, nous-mêmes, Belges, semblons de moins en moins enclins à acheter des produits belges. En 2017, le secteur a connu une croissance négative de 2,2% sur le marché belge. Le volume diminue pour la deuxième année consécutive, une tendance qui est source d'inquiétude pour Fevia. À titre de comparaison : pendant la période 2006-2011, le croissance annuelle moyenne du volume sur le marché national s'élevait encore à 2,1% et pendant la période 2012-2017, la croissance a été nulle en moyenne.
Selon Fevia, la principale raison de cette évolution négative est l'accumulation de taxes, de redevances et de cotisations de toutes sortes qui rendent la nourriture et les boissons plus coûteuses en Belgique que dans les pays voisins. L'industrie alimentaire reste également confrontée à un handicap lié aux coûts salariaux de 16,4% en 2018 et à un surcoût élevé de sa facture d'électricité. Par conséquent, le consommateur belge effectue ses achats de plus en plus souvent par-delà la frontière. Après la double augmentation de la « taxe de santé », les achats frontaliers de boissons non alcoolisées ont augmenté de 8,8% par rapport à 2016 et même de 22% par rapport à 2015. L'émergence du commerce électronique accentuera peut-être encore cette tendance.
Cette croissance négative sur le marché belge survient à un moment où le gastro-nationalisme, le Brexit et le protectionnisme menacent la croissance hors de Belgique. Chris Moris, directeur-général de Fevia, se fait du souci : « Les Etats-Unis sont notre principal marché d'exportation éloigné. Le Royaume-Uni est notre 4ème marché en dehors de la Belgique. Les évolutions internationales extrêmement rapides engendre une grande incertitude, juste au moment où notre propre marché national nage en eaux troubles. »
4 recommandations stratégiques pour nos politiciens
En prélule à l'année électorale 2019, Fevia fait déjà quatre recommandations pour rétablir le marché belge et préserver le potentiel d'exportation de l'industrie alimentaire belge :
- Élargir l’offre de profils adaptés sur le marché de l’emploi en continuant à miser sur les STEM dans l’enseignement technique et sur la formation en alternance dans l’industrie alimentaire.
- Une politique qui maintient le consommateur en Belgique en ne surchargeant pas les denrées alimentaires et les boissons de cotisations, redevances et expériences fiscales comme la « taxe santé » et la consigne.
- Développer notre potentiel d’exportation en utilisant l’enseigne « Food.be - Small country. Great food. » et en même temps en contrebalançant les tendances protectionnistes.
- Améliorer la compétitivité en matière de coûts en supprimant progressivement le handicap salarial et les surcoûts de la facture d’électricité de petites entreprises grandes consommatrices d’énergie.