Le 24 février, la Russie a envahi l'Ukraine. L'OTAN, les États-Unis, l'Union européenne et plusieurs pays ont répondu par des mesures financières, économiques, diplomatiques et militaires. Quelles sont les conséquences pour les entreprises alimentaires belges et que fait Fevia ?
Pour une première estimation de l'impact économique possible, nous vous invitons à consulter notre flash info du 25 février. Sur la base des nombreuses réactions que nous avons reçues, il est clair que ce conflit cause des soucis supplémentaires à nos entreprises alimentaires, en plus des problèmes liés à la crise du coronavirus et des fortes augmentations des prix de l'énergie, des matières premières et des emballages.
Nous demandons à nos membres de nous signaler tout (début de) problème lié à cette crise afin que nous puissions entreprendre les démarches nécessaires auprès des autorités ou d’autres parties prenantes. Vous pouvez envoyer vos inputs et questions à tvdv@fevia.be et cad@fevia.be .
A quel impact économique nos entreprises alimentaires sont-elles confrontées ou s'attendent-elles ?
Actuellement, nos membres ont les préoccupations prioritaires suivantes :
- Sécurisation du personnel et des sites : nos membres aident leurs travailleurs qui veulent quitter ou ont quitté le pays et veillent à la sécurité de leurs sites locaux.
- Perturbation de la chaîne d'approvisionnement :
- Le trafic aérien vers la région a été interrompu mais les transports maritimes et routiers (via des routes indirectes) sont toujours opérationnels. Toutefois, la situation en matière de sécurité et les obstacles logistiques menacent de les paralyser également. Les coûts et le temps d'attente à la frontière sont déjà considérables. Les douanes belges contrôlent actuellement toutes les marchandises destinées à la Russie, à l'Ukraine et au Belarus. Cela a déjà entraîné le blocage d'un millier de conteneurs dans le port d'Anvers. Les marchandises sont contrôlées pour s'assurer qu'elles ne font pas l'objet de sanctions européennes. Les sanctions portent sur les marchandises à double usage, les équipements militaires, les marchandises destinées à l'extraction et les marchandises dont la destination finale est l'armée et l'oligarchie. Les douanes soulignent que toutes les marchandises qui ne sont pas visées par les sanctions peuvent encore être exportées. Il est conseillé de décrire vos marchandises de manière aussi détaillée que possible afin d'exclure tout usage double, par exemple. Par ailleurs, le conflit menace de suspendre les exportations, non seulement vers la Russie et l'Ukraine, mais aussi vers l'Union économique eurasienne au sens large (comprenant le Kazakhstan, l'Arménie et la Moldavie). Les entreprises alimentaires augmentent déjà leurs stocks et cherchent des débouchés alternatifs. Nos entreprises alimentaires craignent également l'impact indirect si le conflit devait se poursuivre. Les marchandises qui étaient auparavant exportées vers cette région seraient alors réorientées et introduites sur nos marchés, ce qui renforcerait la concurrence et donc la pression sur les prix.
- Du côté des importations, les entreprises alimentaires craignent des difficultés dues à la pénurie de matières premières, notamment de récoltes et d'huiles (dont l'huile de tournesol brute) en provenance d'Ukraine, et d'emballages, tels que les bouteilles et les bocaux en verre.
- Transactions financières : l'Occident a gelé les avoirs étrangers de la Banque centrale russe et a fermé le système de paiement SWIFT qui gère les paiements entre différentes banques pour plusieurs banques russes. Cela a également un impact sur les transactions de nos entreprises. Les factures non réglées risquent de rester impayées et le commerce s'arrêtera de facto. La dévaluation du rouble, qui atteint déjà 30 %, se fera également sentir.
- Prix de l'énergie : l'augmentation des prix du gaz naturel et du pétrole aura un impact significatif sur les coûts de production de notre industrie alimentaire à forte intensité énergétique.
- Emploi : les suspensions et annulations de commandes en raison des exportations limitées ainsi que la pénurie de matières premières due à des importations bloquées ont un impact sur la production dans plusieurs entreprises, ce qui entraîne une réduction de l'activité.
- Mesures de soutien : les entreprises soulignent que, si le conflit se poursuit, des mesures de soutien plus larges seront nécessaires.
Que fait Fevia?
Fevia a communiqué les préoccupations de ses membres aux autorités, cabinets et administrations compétents. En outre, Fevia a déjà pris les mesures suivantes pour répondre aux préoccupations susmentionnées :
- Fevia a demandé aux autorités belges de désigner un point de contact unique auquel les entreprises puissent adresser leurs questions et leurs préoccupations. En attendant, pour les questions humanitaires, les entreprises peuvent contacter leurs ambassades locales.
- Fevia a signalé les problèmes (attendus) liés aux livraisons de matières premières et de matériaux d'emballage à la business continuity taskforce agrofood du SPF Economie qui transmet ces informations au Centre national de crise. Ceux-ci peuvent avoir un impact sur l'approvisionnement alimentaire.
- Fevia est en contact direct avec Assuralia, la fédération des assureurs, et peut signaler immédiatement des problèmes. Nous leur avons demandé de traiter rapidement les dossiers d'assurance-crédit en suspens afin de ne pas créer des problèmes encore plus importants pour nos entreprises. Ils nous ont assuré qu'ils traitent le dossier avec la plus haute priorité.
- Pour Fevia, la sécurité de l'approvisionnement énergétique est une priorité et ce, à des prix compétitifs et dans un cadre qui vise à réduire nos émissions de gaz à effet de serre et à limiter au maximum notre dépendance énergétique. Le gel de la surtaxe fédérale en 2021 est un pas dans la bonne direction pour lutter contre la hausse des prix de l'énergie. Fevia plaide également pour la suppression de tous les coûts supplémentaires de la facture énergétique. Ceux-ci résultent de la politique énergétique et pèsent sur la facture énergétique.
- Fevia a plaidé pour une extension du système simplifié de chômage temporaire pour force majeure. Ce système est censé expirer après le 31 mars. Nous avons souligné précédemment que le système classique de chômage temporaire devait être adapté en tirant les leçons du système simplifié de chômage temporaire. En raison de la situation de force majeure causée par le conflit entre la Russie et l'Ukraine, il est extrêmement important que le système simplifié de chômage temporaire soit prolongé après le 31 mars.
- La demande d'éventuelles mesures de soutien et de compensation plus larges (liées à la perte du chiffre d'affaires, aux problèmes de liquidité, etc.) sera abordée ultérieurement. Pour le moment, nous renvoyons nos membres aux mesures de soutien existantes pour les affaires internationales. Vous trouverez un aperçu dans le Guide à l'exportation de Fevia.